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Fight Back (1981) : Quand les féministes radicales posaient déjà les bonnes questions

Juline MeierPar Juline Meiersamedi, 31 maiMise à jour:samedi, 31 maiAucun commentaire6 Min Temps de lecture
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"Fight Back" est un livre très poignant qui aborde des expériences de femmes et des réflexions féministes qui peuvent déranger
"Fight Back" est un livre très poignant qui aborde des expériences de femmes et des réflexions féministes qui peuvent déranger
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Publié en 1981, Fight Back est un ouvrage collectif radical et dérangeant qui regroupe les écrits d’une centaine de femmes féministes en colère, en lutte, et en réflexion.

Porté par une volonté farouche de faire face à toutes les formes de violences masculines — du viol au viol institutionnel — ce livre pose des questions encore brûlantes d’actualité. Marian Rutigliano et Lierre Keith, militantes féministes américaines, livrent un éclairage puissant sur ce recueil oublié mais capital.

Un ouvrage féministe d’avant-garde lu à voix haute depuis une bibliothèque désaffectée

Marian Rutigliano raconte comment elle a découvert le livre : « J’en avais entendu parler, mais je ne l’avais jamais lu. Je l’ai trouvé en ligne. Il avait été retiré du catalogue d’une bibliothèque d’un séminaire jésuite du Minnesota. »

Ce détail en apparence anecdotique montre la portée qu’a eue l’ouvrage, même dans des lieux inattendus : « Apparemment, des gens le lisaient dans des cadres très variés. »

Loin d’être un simple cri de colère, Fight Back est une mosaïque de témoignages et de stratégies militantes. Rutigliano estime que « c’est un recueil complexe, contradictoire, riche — et c’est tant mieux. Cela signifie qu’il y a de la matière à réflexion. »

L’ouvrage cartographie les violences patriarcales : « Le viol, l’inceste, les coups, la pornographie et le féminicide sont tous abordés dès 1981. » Mais ce qui frappe, c’est l’analyse de formes moins visibles de domination : « La psychiatrie est considérée comme une forme de violence masculine contre les femmes. »

Audre Lorde y examine le cancer et ses traitements comme un prolongement du pouvoir médical patriarcal. Le livre interroge le traitement médical des femmes enceintes ou en travail, qu’il qualifie sans détour de « violence masculine. »

On y trouve même un chapitre consacré à la transidentité, qui serait une autre modalité de violence : « Ils nomment les cliniques d’identité de genre comme une forme de violence masculine contre les femmes. Ce n’est pas un fantasme. C’était déjà là en 1981. »

Les lesbiennes, cibles de haine patriarcale

Le livre consacre aussi une place importante aux lesbiennes. Elles y apparaissent comme victimes d’un système patriarcal particulièrement violent et aussi comme une force libératrice : « Les lesbiennes sont vues comme une rupture vers la liberté et ce que cela pourrait signifier. » Le mouvement lesbien a donc un rôle pivot, miroir des oppressions et fer de lance.

En fait, ce livre rappelle justement que les femmes lesbiennes sont particulièrement rejetées par le patriarcat parce que cela fait peur de rencontrer une femme qui n’a pas très envie de plaire aux hommes, qui ne se définit pas par son rapport à la gent masculine. Elles sont immunisées face aux menaces telles que “Trouve-toi un mari ou tu finiras toute seule avec des chats“

Une femme lesbienne peut très ouvertement critiquer le traitement des hommes violents envers les femmes parce qu’il n’y a pas davantage de conséquences sociales pour elles. Elles sont déjà en dehors du système, ouvertement discriminées voire moquées.

Plein d’actions féministes à mener mais pas beaucoup de solutions directes

Il n’y a pas de ligne unique dans Fight Back. « Il n’y a pas une solution, mais une multitude. Et c’est ce qui rend le livre fascinant, » explique Rutigliano.

Certaines femmes prônent la non-violence, d’autres défendent la légitime défense armée : « Il y a beaucoup de discussions sur l’apprentissage de l’autodéfense, y compris avec des armes à feu. » Un choix en lien avec la culture américaine, où « de nombreuses femmes sont armées et souhaitent que d’autres femmes le soient aussi. »

Lierre Keith vante la richesse des approches : « On trouve des femmes qui se présentent à des élections et gagnent, et juste après, d’autres qui prônent le vandalisme et la destruction de biens. » Pour certaines, l’objectif est d’être arrêtées, afin de porter la lutte devant les tribunaux ; pour d’autres, au contraire, l’action doit rester clandestine pour infliger un coût réel à l’industrie pornographique ou aux institutions sexistes.

Elle précise : « Certains actes étaient discutés, d’autres restaient dans l’ombre. Des réseaux de communication informels entre femmes permettaient de partager des stratégies discrètement. » Ce silence volontaire – « la première règle des actions plus sérieuses, c’est qu’on n’en parle pas » – dit beaucoup de la gravité du moment et de la peur d’être réduites au silence.

Fight Back témoigne de l’émergence des premiers centres de crise pour les victimes de viols, et des maisons pour femmes battues, fondées par des militantes : « De nombreuses femmes dans ce livre ont ouvert les premiers centres de leur État. »

Mais dès 1981, l’alerte est lancée : la récupération institutionnelle menace le message féministe. « Les travailleuses sociales, les thérapeutes et l’État ont pris le relais, et les féministes n’avaient plus droit au chapitre. »

Le féminisme devient ainsi un tabou dans les structures qu’il avait contribué à créer, au profit d’une approche individualisée, apolitique. Le dilemme du financement devient central : comment rester radicale lorsqu’on dépend de subventions publiques ?

La pédocriminalité – les féministes choisissent de l’affronter

L’un des essais les plus bouleversants du livre est celui sur l’inceste. L’autrice y martèle une évidence dérangeante : « Il n’y a absolument aucun moyen pour un enfant de se protéger d’une agression incestueuse. Aucun. » Elle poursuit : « Vous pouvez inscrire votre fille à des cours d’autodéfense, lui dire que son corps lui appartient… mais à 6 mois ? Même si elle comprend, que pourrait-elle faire ? »

La responsabilité est donc claire : « Ce n’est pas à l’enfant qu’il faut apprendre, c’est à l’homme. Et c’est la société qu’il faut changer. » Les programmes de prévention mis en place dans les années 80 (type « touche autorisée / touche interdite ») sont inefficaces : « Ils ne réduisent en rien le taux d’abus. Les enfants formés sont agressés à la même fréquence que les autres. »

Marian Rutigliano résume avec amertume : « Ce ne sont jamais les enfants le problème. Ce sont les hommes. Et qu’allons-nous faire d’eux ? »

La dernière réflexion de Rutigliano est glaçante et lucide :

« Les hommes qui font cela continuent de respirer le même air que nous. »

Fight Back refuse de normaliser cette violence. Il appelle à la rupture radicale : organisation, résistance, protestation, sabotage, sororité entre féministes.

Ce livre est dur, « lourd, intense, bouillonnant », mais, pour toutes celles qui l’ont lu, il a marqué une étape. Comme le dit Rutigliano, « il nous a profondément inspirées, moi et les femmes autour de moi. »

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