Le Groenland, immense territoire glacial rattaché constitutionnellement au Danemark, suscite de plus en plus l’attention sur la scène internationale. Avec une population d’environ 57 000 habitants, cette île, en grande partie recouverte par une calotte glaciaire, est devenue le sujet du jour pour les puissances majeures qui ont dévoilé leurs intérêts stratégiques et ont partagé des déclarations intéressantes, comme l’a fait Donald Trump.
Un Groenland autonome
Ancienne colonie danoise jusqu’en 1953, le Groenland jouit depuis 1979 d’un statut d’autonomie, renforcé en 2009 par la possibilité d’organiser un référendum pour revendiquer son indépendance complète. Cet encadrement juridique fait suite à des décennies de revendications identitaires et politiques des Groenlandais, majoritairement Inuits, désireux de prendre en main leur destin.
L’indépendance reste un objectif difficile à atteindre. Le territoire reste fortement dépendant des subventions annuelles du Danemark, représentant près de 60 % de son budget. Pourtant, selon une enquête de l’Université de Copenhague, 67,7 % des adultes groenlandais souhaiteraient se détacher du royaume danois. Pour Múte Bourup Egede, Premier ministre groenlandais et fervent partisan de l’indépendance, le défi réside dans le développement économique du pays pour assurer une autonomie durable.
L’un des grands facteurs du développement économique du Groenland réside dans ses vastes ressources naturelles encore largement inexploitées. Le sous-sol groenlandais regorge de minerais précieux tels que l’uranium, les terres rares, et potentiellement des hydrocarbures. Ces ressources suscitent un intérêt croissant de la part de puissances mondiales, notamment les États-Unis, la Chine, et les pays de l’Union européenne.
Néanmoins, l’exploitation de ces ressources soulève des enjeux environnementaux et sociaux considérables. « Nous devons être capables de gérer nos ressources de manière indépendante avant de collaborer avec d’autres nations », souligne Frans H. Petersen, étudiant groenlandais. Ce défi s’accompagne d’une réflexion sur la manière d’équilibrer développement économique et préservation des écosystèmes fragiles de l’île.
Le Groenland est-il à vendre?
En 2019, Donald Trump a défrayé la chronique en suggérant publiquement l’achat du Groenland par les États-Unis. Cette déclaration a bien montré l’importance géostratégique croissante de l’Arctique, bien que beaucoup de citoyens aient trouvé cela absurde. La fonte des glaces, accélérée par le changement climatique, ouvre de nouvelles routes maritimes et facilite l’accès aux ressources. Dans ce contexte, le Groenland devient un territoire convoité, situé au carrefour des ambitions économiques et militaires.
Plus tard, en 2021, Trump a encore évoqué la possibilité d’annexer le Groenland. A quelques jours de sa prise de fonction en janvier 2025, Trump a remis le sujet sur le tapis en indiquant qu’il n’était pas exclu d’envisager la force si les Etats-Unis n’avaient pas la possibilité de “racheter” le Groenland.
Les propos de Trump ont été accueillis avec scepticisme, voire indignation, par les Groenlandais eux-mêmes. Ole Hjorth, contrôleur aérien de Nuuk, qualifie l’idée de « terrifiante et ridicule ». Patrick Abrahamsen, autre habitant de la capitale, dénonce une vision déshumanisante : « Les grandes puissances parlent de nous comme d’un objet à acheter, ce qui nous prive de notre voix. »
Pour de nombreux Groenlandais, la colonisation danoise est associée à une période de dépossessions culturelles et économiques. Aujourd’hui encore, certains habitants reprochent à Copenhague une gestion paternaliste et distante des affaires groenlandaises.
Paradoxalement, les États-Unis jouissent d’une certaine reconnaissance parmi la population. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le Danemark était sous occupation nazie, le Groenland est passé sous le contrôle américain, marquant un tournant dans les relations bilatérales. Cet héritage ne garantit pas un soutien inconditionnel à Washington, particulièrement face aux menaces d’annexion. Certaines sources affirment pourtant que la population Groenland y verrait un intérêt économique.
« Plus de la moitié des habitants du Groenland (57,3 %) sont favorables à l’adhésion aux États-Unis, selon un sondage réalisé par l’ONG Patriot Polling. »
- Horizon News
L’achat du Groenland est une vraie éventualité
Les États-Unis ont déjà manifesté leur intérêt pour le Groenland à plusieurs reprises dans le passé. En 1868, ils envisageaient de l’acquérir, et en 1946, une offre de 100 millions de dollars en or avait été faite à ce sujet. Pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide, le Groenland a joué un rôle crucial en tant que base militaire et poste avancé pour surveiller les activités navales et aériennes de l’Atlantique Nord.
Le Groenland se trouve également sur des routes aériennes stratégiques entre l’Amérique du Nord, l’Europe et la Russie. Des bases comme Pituffik (anciennement Thulé) jouent un rôle vital dans la surveillance des missiles balistiques et les opérations spatiales. Il y a donc une certaine logique derrière la proposition de Trump
Avec une population de seulement 56 000 habitants, un achat du Groenland semble réalisable sur le plan financier. Les États-Unis pourraient offrir une somme considérable à chaque habitant, tout en restant bien en deçà de leur budget annuel. Cette dimension économique renforce l’idée que l’acquisition pourrait être plus pragmatique qu’on ne le croit.
Enfin, le Groenland a quitté l’Union européenne en 1985 et jouit d’un statut d’autonomie au sein du royaume danois. Un référendum pourrait permettre aux habitants de choisir leur avenir. En cas d’indépendance, une offre américaine bien structurée pourrait séduire la population locale, comme les sondages semblent le montrer.