La tribu des Cherokee captive les Américains. Souvent mise en avant dans les Westerns comme une sorte de bastion spirituel de la terre, les Cherokee sont pourtant une tribu qui est menacée par la modernité et par l’absence d’accès aux soins essentiels pour entretenir leur mode de vie.
Les Cherokee sont une tribu qui sortent du lot et qui sont attachés à leurs coutumes
Les Cherokee, l’une des tribus amérindiennes les plus connues et les plus importantes de l’histoire des États-Unis, ont une richesse culturelle et une histoire fascinante. Originaires du sud-est des États-Unis, les Cherokee ont une histoire millénaire qui remonte bien avant l’arrivée des Européens sur le continent américain.
Aujourd’hui, ils sont un gouvernement autochtone qui a ses propres lois et qui est respecté par le gouvernement fédéral des Etats-Unis. Mais autrefois, c’était une société organisée autour de villages agricoles, où ils cultivaient du maïs, des haricots et des courges, et ils étaient également habiles dans l’artisanat, la poterie et le tissage. Les Cherokee étaient gouvernés par des chefs héréditaires, mais ils avaient aussi un système de gouvernement démocratique où les décisions importantes étaient prises par un conseil de chefs.
Nous pourrions arguer que les Cherokee d’autrefois étaient bien plus modernes que nous en matière d’agriculture. En effet, l’une des raisons derrière le fantasme cinématographique que représentent les Cherokee est le respect que cette tribu montre à la terre. C’est pour cela que les Cherokee ont adopté des pratiques agricoles très impressionnantes: ils pratiquaient l’agriculture en terrasses sur les pentes des collines pour maximiser l’utilisation de l’espace arable. Ils construisaient des murs de pierre pour retenir la terre et créer des plateaux de culture en escalier, ce qui permettait de contrôler l’érosion du sol et de cultiver une plus grande variété de cultures.
L’organisation pour la protection des systèmes agricoles Cherokee, le “Cherokee Tribal Food Distribution System” explique qu’Hollywood a une vision trop simpliste de l’agriculture Cherokee: “L’illusion que les Amérindiens sont des « cueilleurs » ne pourrait pas être plus éloignée de la vérité, et en fait, les terres Cherokee étaient parmi les terres les plus développées et les plus intensément gérées, avec des forêts, des cours d’eau et des champs cultivés qui recevaient tous l’attention qu’ils méritaient.”
C’est précisément avec une organisation quasi-militaire que les Cherokee ont géré leurs territoires jusqu’içi. Les Cherokee se sont accoutumés à utiliser les arbres et les forêts de manière stratégique dans leur agriculture. Ils pratiquaient l’agroforesterie en plantant des arbres fruitiers, des noix et d’autres cultures ligneuses entre leurs cultures vivrières. Cela contribuait à fournir de l’ombre, à améliorer la qualité du sol et à diversifier leurs sources de nourriture. Si beaucoup d’entre nous ne sont pas au fait de ce riche héritage, c’est surtout parce que la tribu Cherokee entretient une culture orale très développée: Les histoires, opinions et instructions qui circulent dans la tribu ne sont jamais couchées sur le papier.
On peut donc se demander ce qu’il en est des archives historiques des Cherokee? Effectivement, il n’y a pas d’archives officielles. Les premières données que nous avons sur ce peuple viennent des colonisateurs européens.
L’histoire des Cherokee est véritablement marquée par des périodes de conflit et de résistance face à l’expansion coloniale européenne. C’est bien au XIXème siècle que les Cherokee ont été forcés de quitter leurs terres ancestrales lors de la tristement célèbre “Piste des Larmes”, un déplacement forcé qui a entraîné la mort de milliers de membres de la tribu
Ce déplacement s’est fait du sud-est des États-Unis vers les territoires à l’ouest du Mississippi, dans le cadre de la politique d’expansion territoriale des États-Unis au XIXe siècle.
En 1838 et 1839, environ 16 000 Cherokee ont été forcés de quitter leurs terres ancestrales en Géorgie, en Caroline du Nord et en Alabama. Sur ce nombre, on estime qu’entre 4 000 et 5 000 personnes sont mortes en raison des conditions difficiles de la marche forcée et du manque de ressources médicales et alimentaires adéquates.
La Piste des Larmes a couvert une distance d’environ 1 200 miles (1 900 kilomètres), de la Géorgie à la région désignée pour les tribus amérindiennes dans l’actuel Oklahoma. Les tribus ont dû parcourir cette longue distance à pied, souvent dans des conditions météorologiques extrêmes et sur un terrain difficile.
Les Cherokee continuent à préserver leur patrimoine culturel en enseignant leur langue, leurs traditions et leurs pratiques religieuses aux nouvelles générations. Ils jouent également un rôle actif dans la politique américaine fédérale en défendant les droits des peuples autochtones et l’environnement.
La nécessité d’un gouvernement autonome pour défendre les intérêts de la tribu Cherokee
En 1831, les Cherokee remportent une bataille juridique décisive: le cas de la Nation Cherokee v. L’état de la Georgie. Ce cas a émergé après que les Etats-Unis ont violé les accords du Traité de Paix et d’Amitié avec la Nation Cherokee établi en 1791, qui stipulait l’autonomie territoriale de la tribu. Le verdict était que la Nation était dépendante des Etats-Unis.
Suite à ce cas, la tribu obtiendra justice un an plus tard, lorsque des missionnaires de Georgie essaient de réguler les échanges chez les autochtones. Cette fois, le juge décide que les lois appliquées dans l’Etat de Georgie ne peuvent pas être enforcées dans les réserves autochtones.et déclare: “ La nation Cherokee est une communauté distincte occupant son propre territoire dans lequel les lois de la Géorgie ne peuvent avoir aucune force. Toutes les relations entre les États-Unis et cette nation sont, en vertu de notre constitution et de nos lois, dévolues au gouvernement des États-Unis.”
Même après ce verdict, de nombreux États contestent encore le droit des autochtones d’être régis par leurs propres lois dans les espaces qui leurs sont alloués. Cela justifie vraiment la nécessité pour ce peuple d’avoir un gouvernement qui lui est propre pour défendre ses intérêts.
Les Cherokee font toujours face à des défis qui menacent leur survie en tant que peuple. L’une des principales préoccupations pour les Cherokee est la perte de leur langue et de leur culture traditionnelle. Comme de nombreuses autres tribus autochtones, les Cherokee ont vu leur langue et leurs traditions menacées par des siècles de politique d’assimilation forcée et de dépossession de leurs terres. Bien qu’il y ait eu des efforts pour préserver et revitaliser la langue cherokee, le nombre de locuteurs natifs diminue rapidement: Seulement 2000 natifs dans le monde, selon le Département linguistique de la nation Cherokee.
Non seulement la préservation linguistique s’avère difficile mais ce qui est encore plus compliqué, c’est la préservation de leurs terres ancestrales et de leurs ressources naturelles. Malgré les traités passés avec le gouvernement fédéral, les Cherokee et d’autres tribus autochtones continuent de se battre pour protéger leurs terres contre l’exploitation minière, forestière et pétrolière, ainsi que contre d’autres formes d’exploitation environnementale. Ces activités menacent non seulement les moyens de subsistance traditionnels de la tribu mais aussi leur identité culturelle et spirituelle, qui sont étroitement liées à la terre.
La discrimination envers ce peuple est certainement ancré dans les statistiques économiques. 1 à 3 Cherokee sont confrontés à des difficultés comme la pauvreté, le chômage et l’accès limité aux soins de santé et à l’éducation. Ces facteurs contribuent à un cycle de marginalisation et de désavantage économique qui rend difficile la prospérité de la communauté dans son ensemble.
Ce qui est important c’est que ce peuple autochtone continue de se battre pour sa survie et son autonomie et n’hésite plus à valoriser son héritage en créant des écoles et de commerces spécifiques à leurs tribus, pour éviter de perdre leur culture ou d’isoler les natifs-américains.