Les aventures de Zoé et Milo, un dessin animé pour les 6 à 8 ans diffusé sur France TV depuis 2020, ont mis en scène un muxe, pour rendre cette notion plus connue du public occidental.
Qui sont réellement les muxes ? Allons à la découverte de ces personnes considérées comme appartenant à un troisième genre et traditionnellement respectées au Mexique.
Nous avons pu obtenir des éclairages à ce sujet grâce à Marion Dellys, engagée dans le domaine de la presse et de la traduction à l’Institut Culturel du Mexique.
Les muxes et la culture zapotèque
Très respectés, consultés pour leur sagesse, les muxes sont des membres de la communauté dont on attend beaucoup et qui, par conséquent, peuvent subir une certaine pression familiale comme sociétale dès leur enfance.
Ils ne sont néanmoins pas acceptés par toute la communauté mexicaine, et souvent moqués et mis à l’écart parce que leur mode de vie n’est pas toujours compris.
De sexe masculin, mais portant des vêtements et adoptant des comportements féminins, les muxes appartiennent à la culture zapotèque de l’État d’Oaxaca, sud de l’actuel Mexique.
Ils restent plus visibles en tant que minorité depuis la montée du mouvement LGBTQIA+. Encouragés par cette visibilité, les muxes s’affirment encore davantage depuis ces dernières années, notamment en changeant leur sexualité sur leurs papiers officiels.
Aujourd’hui, les muxes sont considérés comme faisant partie de la communauté transgenre et se font de plus en plus connaître en Occident. En 2018, on estimait près de 5000 muxes au Mexique.
Le dessin animé qui a fait polémique
Dans le dessin animé cité, nous pouvons voir les personnages voyageant ensemble pour découvrir les différentes cultures du monde. Les deux enfants-stars sont guidés par un hamster nommé Halim.
Cette fois-ci, les enfants partent au Mexique ! À la rencontre d’un muxe. Tout le monde est réuni à l’occasion du défilé de la plus belle muxe.
Ce dessin animé a été diffusé et commenté sur les réseaux sociaux, ravissant certains, scandalisant d’autres, beaucoup refusant l’enseignement du concept d’intersexualité aux enfants.
La polémique autour du dessin animé Gagné ou Perdu diffusé sur Disney+ depuis février montre, elle aussi, la réception difficile de ce type de contenus par le public occidental.
Un des personnages aurait été changé. Initialement transgenre, le personnage est devenu une jeune lycéenne sans transidentité. Pourtant, la réponse de Disney à cette polémique est restée équilibrée : le studio défend le droit des parents d’aborder certains sujets avec leurs enfants, comme celui de la théorie du genre et de ce qui en découle, en privé et avec leurs propres mots en ce qui concerne les plus jeunes.
Une ouverture artistique
Marion Dellys explique que les muxes sont un symbole culturel avant tout : “Je pense au performeur Lukas Avendaño, qui s’est produit au musée du Quai Branly l’an dernier, au photographe Nelson Morales, qui a exposé à LODO Gallery, ou encore à la Bruja de Texcoco, qui interprète un muxe dans la série “El Secreto del Río”, diffusée sur Netflix. Cette série ne se contente pas de divertir, elle éduque également le public sur la richesse de la culture et des traditions des muxes, en défiant les stéréotypes et en promouvant l’inclusion“.
L’art est, en effet, le canal idéal pour favoriser le vivre ensemble, et partager l’histoire de mille vies de façon créative. C’est ce à quoi s’emploie l’ICM, encourageant la diffusion d’œuvres “où le quotidien se transforme en art, et [où] l’ordinaire devient spectaculaire.“, nous confirme Marion Dellys.