En mars 2025, la consommation des ménages français a reculé de 1 %. Ce chiffre, publié par l’Insee, confirme une tendance lourde : les Français dépensent de moins en moins. C’est le niveau le plus bas enregistré depuis novembre 2014, en dehors de la période exceptionnelle du Covid-19.
Dans les rayons des supermarchés, cette réalité se traduit concrètement. Caroline, mère de famille rencontrée dans une grande surface de Seine-et-Marne, montre son panier presque vide. “Le steak à tous les repas, c’est fini.
On consomme plus qu’avant parce qu’on peut plus manger les mêmes choses qu’avant. Ce n’est pas un choix”, dit-elle, lucide. Son témoignage résume une situation que vivent des millions de foyers.
Un changement de régime de consommation forcé
La baisse de la consommation ne touche pas seulement les produits non essentiels. Les achats alimentaires eux-mêmes sont revus à la baisse, en quantité comme en qualité. Le prix de la viande contraint des familles à revoir leur menu. L’inflation globale semble faible, à 0,8 % en avril, mais elle masque des hausses ciblées, notamment sur les produits à base de sucre et de chocolat. Les sodas, les biscuits et les confiseries voient leurs prix grimper de nouveau.
La croissance ne tient qu’à un fil
Ce recul de la consommation frappe directement la croissance. Les dernières données du PIB français sont sans appel. La faible progression observée ne s’explique que par les variations de stocks. Sans cet effet technique, la croissance serait négative, avec une contraction estimée à 0,4 %. Tous les moteurs traditionnels de l’économie – commerce extérieur, investissement, consommation – sont affaiblis.
Le recul ne se limite pas aux produits alimentaires. Les dépenses énergétiques diminuent. Les achats de véhicules neufs chutent, eux aussi. Chez un concessionnaire en région parisienne, les ventes ont plongé de 8 % depuis janvier. Franck Malochet, directeur du groupe Alvergnas Auto, note un changement de comportement : “Il y a une bascule entre les véhicules neufs et les véhicules d’occasion. Nos clients se reportent sur des voitures plus anciennes, moins coûteuses. On perd une clientèle qui, il y a deux ans encore, n’aurait pas hésité à acheter du neuf.”
Une consommation sous pression
La dynamique est claire : face à l’instabilité mondiale et aux incertitudes sur l’avenir, les Français préfèrent conserver leur épargne. Ce réflexe de prudence empêche la reprise de l’activité. L’économie française, dépendante de la demande intérieure, se retrouve à l’arrêt.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette situation ne traduit pas une sobriété choisie, mais une adaptation contrainte. Ce n’est pas par volonté écologique ou par changement de mode de vie que les ménages consomment moins. C’est parce que leurs moyens ne suivent plus.
Les indicateurs s’alignent : baisse des volumes achetés, hausse des produits les moins chers, recul des dépenses durables. Ce mouvement fragilise des pans entiers de l’économie. L’automobile, l’électroménager, le logement ancien ou encore la culture sont les premières victimes.
Une reprise encore lointaine
Les prévisions à court terme restent faibles. La Banque de France table sur une croissance quasi nulle pour le trimestre à venir. Les entreprises, confrontées à une demande en berne, reportent leurs investissements. Les ménages, eux, surveillent chaque euro dépensé.
Le sentiment général est celui d’un pays qui se contracte. Les marges de manœuvre sont étroites. Sans rebond de la consommation, il est peu probable que la croissance reparte durablement.