La dette publique française gonfle encore et atteint désormais 114 % du PIB. Un peu comme un croissant qui continue de lever au four, sauf qu’ici, personne ne se régale à la sortie.
Patrick Artus, conseiller économique d’Ossiam, a livré une analyse sans appel : la trajectoire de la dette française est quasi-impossible à inverser sans réformes structurelles majeures.
Avec la dette, on fonce (presque!) droit dans le mur
“La hausse du taux d’endettement public en France va probablement durer, et je ne vois pas comment on arrête en réalité cette hausse.”
Les raisons sont connues : vieillissement de la population, hausse continue des dépenses de santé et de dépendance, investissements militaires croissants, éducation sous-financée nécessitant des moyens supplémentaires, et un système fiscal qui ne permet pas d’absorber ces coûts.
Dans un monde parfait, limiter la dette serait facile mais ce n’est pas le cas ici. Il y a de nombreux efforts à fournir:
“Pour stabiliser la dette à 114 % du PIB, il faut réduire le déficit public de 3,5 points de PIB, soit environ 105 milliards d’euros.
Et même si l’on applique la proposition de Gabriel Zucman de taxer à 2 % les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, ça rapporte 20 milliards. C’est déjà 20 %, mais il reste 85 milliards à trouver.”
Mais alors, que faire?
Même un impôt spectaculaire sur les ultrariches n’effacerait qu’une fraction du problème.
Patrick Artus ajoute que les réformes profondes, à la “suédoise”, seraient indispensables. On pourrait penser aux privatisations partielles, à la disparition du statut de fonctionnaire, aux agences publiques rationalisées… Mais Artus constate un blocage politique majeur en France pour les adopter.
“Les Suédois ont privatisé les transports, une partie des hôpitaux et du système éducatif. Ils ont aussi supprimé le statut de fonctionnaire dans certains domaines. C’est inimaginable en France aujourd’hui.”
Il prévient d’une possible hausse progressive des taux d’emprunt français, alors que l’Allemagne s’apprête elle-même à creuser son déficit pour financer l’armée et les infrastructures. Cela rend ses obligations plus attractives que celles de la France.


