Un géant de 11 mètres échoué sur une plage de Floride, sans blessure apparente, sans filet de pêche pour l’entraver, sans trace de collision avec un bateau.
Juste une baleine, silencieuse, venue mourir là. Derrière cette carcasse, la science a découvert une nouvelle espèce. Et derrière cette découverte, une carte de crédit en plastique a signé l’arrêt de mort de l’un des mammifères marins les plus rares au monde.
Voici l’histoire tragique, mais pas sans issue heureuse que nous raconte le biologiste marin Dr Joe Roman.

La mort d’une baleine est devenue une percée scientifique
Tout commence le 29 janvier 2019, dans le Parc National des Everglades (Floride). Des scientifiques découvrent une baleine de 11 mètres échouée, sans blessure visible. Une autopsie révèle pourtant une vérité brutale :
« Ils ont ouvert l’estomac et trouvé un morceau de plastique d’environ 12 centimètres de long, gros comme une carte de crédit, probablement issu d’un seau de 20 litres. Elle l’a avalé, cela a causé une nécrose de la paroi de l’estomac. Elle a lentement dépéri jusqu’à mourir. »
— Dr Joe Roman, biologiste marin
Une mort absurde, pour un mammifère gigantesque, causée par un déchet minuscule.
Mais les analyses ADN de cette autopsie ont montré que cette baleine appartenait à un groupe si distinct qu’il s’agit en réalité d’une nouvelle espèce, endémique du Golfe du Mexique, l’une des plus rares au monde, avec moins de 50 individus recensés.
Une espèce, un nom, une menace
Baptisée « baleine de Rice », elle a été immédiatement classée « en danger critique » et protégée par le Marine Mammal Protection Act en avril 2019.
Aujourd’hui, ce ne sont plus tant les harpons que le plastique, les collisions et le bruit des océans qui mettent les baleines en péril.
Et pourtant, Joe Roman refuse le fatalisme :
« Même un petit morceau de plastique comme celui-ci peut mettre en danger les baleines. Mais la bonne nouvelle, c’est que pour de nombreuses espèces, nous avons déjà inversé la tendance. »
Quand la mort d’une baleine devient espoir
L’histoire des baleines n’est pas qu’un long sanglot. Depuis l’interdiction de la chasse commerciale dans les années 1980, certaines populations ont été multipliées par dix ou vingt.
Les baleines à bosse du Pacifique Nord, par exemple, sont passées de 1 500 individus dans les années 70 à plus de 21 000 aujourd’hui.
Et des espèces qu’on croyait perdues, comme le phoque moine ou la loutre de mer, renaissent grâce aux lois de protection et aux réintroductions.


