Plutôt que de swiper sur votre téléphone pour capturer des Pokémon imaginaires, que diriez-vous d’attraper de vraies espèces… et de sauver l’environnement au passage ?
Avec son « Bible Blitz Battle », le Rock Pool Project en Angleterre transforme la chasse aux espèces marines en un jeu collectif, utile et surtout addictif.
Une armée de citoyens mobilisée contre les espèces marines envahissantes
Grâce à son concept original de compétition ludique entre équipes, le Rock Pool Project a réussi un pari audacieux : transformer les promeneurs des plages en véritables sentinelles de la biodiversité.
Armés de l’application iNaturalist, les participants enregistrent les espèces rencontrées sur le littoral. Ces données, précieuses pour la science, permettent d’alerter rapidement les autorités sur la présence de créatures et de plantes non-indigènes qui menacent l’équilibre des écosystèmes marins.
Le Dr Ben Holt, Directeur de The Rock Pool Project, explique :
« Le grand avantage d’iNaturalist, c’est que dès qu’une espèce est enregistrée, l’information est disponible pour tous. Nous avons mis en place un système : après chaque série d’événements, nous alertons Natural England et leur donnons accès à notre base de données complète des espèces non indigènes. Ainsi, les autorités peuvent agir bien plus vite que par les canaux classiques où cela peut prendre des années. »
En quelques chiffres, l’initiative impressionne :
➡ 10 000 espèces déjà recensées dans le cadre du Big Rockpool Challenge
➡ En moyenne 1000 enregistrements par week-end lors des événements
➡ Une liste en constante évolution d’environ 40 espèces marines non indigènes signalées au Royaume-Uni
Une démarche citoyenne doublée d’un enjeu écologique majeur
Si ces données sont si importantes, c’est parce que les espèces marines non-indigènes sont souvent invisibles aux yeux du grand public… jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Que ce soit via le commerce des aquariums, les coques des navires ou l’agriculture, ces « aliens » marins colonisent discrètement les côtes. Cela fait que les espèces locales sont menacées, des habitats sont transformés, et des équilibres écologiques bouleversés.
Parmi les espèces à surveiller, le bernacle néo-zélandais – que l’on devrait plutôt appeler le bernacle de Darwin – se distingue par ses quatre plaques externes (contre six pour les espèces locales) et son ouverture en forme de diamant qui évoque « un sourire diabolique ».

Plus perle blanche que grisâtre, ce petit crustacé aime se faire remarquer et trahit ses origines australasiennes.
Autre star des bassins : la slipper limpet, ou patelle chausson. Originaire de la côte est des États-Unis, elle forme de véritables « pyramides coquillières », véritables orgies marines où chacun grimpe dans la hiérarchie en attendant de changer de sexe et de devenir la matrone de la pile.

Et que dire des algues ? La sargasse japonaise et l’algue à crochets transforment nos rochers en jungle sous-marine. Elles étendent leurs frondes et leurs tentacules à l’assaut des bassins rocheux. Toutes ces espèces font la même chose : une colonisation silencieuse, souvent favorisée par le commerce maritime et le réchauffement des eaux.

« On l’appelle souvent le bernacle de Darwin, un nom qui lui va mieux car il n’est pas seulement originaire de Nouvelle-Zélande, mais de toute l’Australasie. Charles Darwin l’a d’ailleurs décrit, et c’est bien de le reconnaître. C’est un petit bernacle blanc, à ouverture en forme de diamant, avec quatre plaques externes, ce qui le différencie clairement de nos espèces indigènes qui en ont six. Il a un petit air de sourire diabolique ! »