C’est fait, les Britanniques sont en crise et en manifestations constantes. Ils ne croient plus en la presse et se tournent vers les reseaux sociaux pour leurs informations. Selon Statista “56 % des personnes interrogées estiment que la plupart des organes de presse sont plus intéressés à soutenir une certaine position politique ou idéologie qu’à fournir des informations au public.”
Toutefois, face à une vague croissante de désinformation (On appelle cela “infox” maintenant en France) et de contenus jugés nuisibles amplifiés par l’intelligence artificielle (IA), le Parlement britannique a décidé de prendre des mesures.
Une commission spéciale sur la science et la technologie convoquera prochainement des personnalités majeures de la tech, incluant Elon Musk, PDG de X (anciennement Twitter), ainsi que des cadres de Meta (Facebook, Instagram) et TikTok. Cette enquête vise à comprendre comment les plateformes favorisent la propagation de contenus faux ou nocifs et l’impact des modèles économiques des géants de la Silicon Valley.
Si vous pensiez qu’il s’agissait de la seule crise au Royaume-Uni, vous auriez tort. Le gouvernement fait également face aux manifestations lieées aux agriculteurs
Les “infox” sortent des IA.
L’enquête parlementaire portera notamment sur les conséquences de l’IA générative, un outil ayant récemment alimenté des manifestations islamophobes suite au meurtre de trois adolescentes à Southport en août. Des images manipulées et largement diffusées sur X et Facebook ont incité des émeutes, soulignant comment ces technologies exacerbent les fractures sociales.
Chi Onwurah, présidente de la commission et députée travailliste dit, “il est essentiel d’interroger M. Musk sur sa défense de la liberté d’expression alors même que sa plateforme favorise la désinformation.” L’objectif est également de déterminer comment les algorithmes des réseaux sociaux et l’IA influencent le comportement des utilisateurs et diffusent des discours haineux.
Ces événements surviennent alors que le régulateur britannique, Ofcom, s’apprête à publier de nouvelles directives dans le cadre de l’Online Safety Act. Les entreprises technologiques devront désormais limiter la diffusion de contenus illégaux et intégrer des mesures de prévention dans leurs designs produits. Certains experts craignent que ces lois, bien qu’ambitieuses, soient rapidement dépassées par l’évolution technologique.
En juillet dernier, les réseaux sociaux avaient diffusé des informations erronées sur les responsables des meurtres à Southport, identifiant à tort un demandeur d’asile musulman comme coupable. Cette désinformation a provoqué des violences contre des mosquées et des centres d’accueil. Ofcom a qualifié cette période de “moment clé” dans l’évaluation des risques sociaux des plateformes numériques.
Elon Musk, critique ouvert de plusieurs politiques britanniques, a récemment attisé les tensions. Après ne pas avoir été invité à un sommet d’investissement international, il a dénoncé sur X une politique “stalinienne” du gouvernement travailliste. Il a également affirmé que “la guerre civile est inévitable” lors des émeutes de Southport, exacerbant ainsi les divisions.
X subit d’ailleurs une migration massive d’utilisateurs vers des plateformes alternatives comme Bluesky. Les utilisateurs protestent contre la désinformation, le retour de personnalités controversées comme Andrew Tate, et les nouvelles conditions d’utilisation permettant à X de former ses modèles d’IA à partir des données des utilisateurs.
Un monde à part: Les agriculteurs manifestent aussi mais contre les taxes.
Dans un contexte différent mais tout aussi explosif, les agriculteurs britanniques ont manifesté contre une réforme de la taxe sur les successions, qui menacerait la pérennité des exploitations familiales. Sous cette réforme, les fermes d’une valeur supérieure à un million de livres seront taxées à hauteur de 20 % au moment de leur transmission, forçant de nombreuses familles à vendre leurs terres.
Lors des protestations, des pancartes telles que “Pas d’agriculteurs, pas de nourriture, pas de futur” et des slogans tels que “Starmer the farmer harmer” (“Starmer, malfaiteur pour les agriculteurs“) ont fleuri autour de Parliament Square. Jeremy Clarkson, figure médiatique et agriculteur, a dénoncé une politique qui “met en péril la sécurité alimentaire du Royaume-Uni“.
Les deux crises montrent cette frustration croissante envers le gouvernement travailliste de Keir Starmer. Alors que ce dernier avait promis de renforcer la sécurité alimentaire et de réguler les géants de la tech, ses décisions ont déclenché une vague de mécontentement. Une pétition demandant un réexamen des politiques en matière de succession a déjà recueilli plus de 240 000 signatures, obligeant le Parlement à y répondre.
C’est un constat tristement amusant puisqu’en France, nous semblons avoir des problèmes bien similaires. Mais bon, nos voisins d’Outre-Manche semblent prendre les devants ces derniers jours.