Entre deux auditions des futurs possibles Commissaires européens, nous échangeons avec Isabelle Le Callennec qui est, depuis juin dernier, nouvellement élue au Parlement européen. Plongée au cœur des institutions communautaires, elle associe le territoire, la France et l’Europe.
Avec dynamisme et engagement, sans se départir d’une pointe d’humour, Isabelle prend ses nouvelles fonctions très au sérieux. Cette bretonne, très attachée à sa région, est désormais, et pour les 5 prochaines années, bruxelloise. La jeune grand-mère partage son temps entre Parlement, son fief et sa famille.
Premier portrait d’une série, le Parisien Matin vous fait découvrir des élus à un premier mandat européen, leurs parcours, leurs découvertes et surprises, l’institution vue de l’intérieur.
Députée européeenne, un rêve de jeunesse qui devient une réalité concrète.
Interrogée sur ses premières impressions du Parlement, Isabelle Le Callennec répond dans un éclat de rire : « je me suis littéralement perdue… j’ai alors réalisé que je devais très vite constituer mon équipe ». Elle décrit aussi l’institution comme une véritable « Tour de Babel », « Dans les couloirs, les ascenseurs, partout, il y a toujours du monde et on entend une multitude de langues différentes ».
Très vite, donc, comme elle le précise, elle a la chance de recruter ses assistants dont, certains, deviennent aussi ses « guides » dans les bâtiments labyrinthiques. Restant conseillère régionale, elle choisit, avec succès, de siéger dans les commissions parlementaires de la pêche, des régions et de l’emploi.
Isabelle fait partie du groupe politique Parti Populaire Européen (PPE). « A l’inverse de mes 5 années à l’Assemblée nationale, cette fois, je suis dans la majorité », plaisante-t-elle. Son rythme mensuel ? 3 semaines à Bruxelles et 1 semaine à Strasbourg. « Après mon élection, j’avais promis à mon mari que je ne serai partie que 3 jours par semaine. Malheureusement, devant la charge de travail, je dois m’absenter 4 jours. Je pars de Vitré le lundi à 6 heures du matin et rentre le jeudi soir », nous décrit-elle. Comme elle l’avait promis à ses électeurs, elle consacre son temps « libre » à rencontrer, écouter, échanger, expliquer… avec les citoyens de sa circonscription.
Questionnée sur ses surprises et ses découvertes, la députée me décrit une formation, obligatoire pour tous les élus, sur les modalités de recrutement des collaborateurs, la gestion des équipes et les problématiques liées au harcèlement moral et sexuel. Elle a trouvé cette démarche très intéressante, enrichissante et utile.
Au regard des commissions dans lesquelles elle siège, je ne pouvais pas ne pas aborder la question du lobbying qui, pour mémoire, est reconnu institutionnellement au Parlement européen. « Il est vrai que nos boîtes mails sont submergées de leurs messages, rapports, études et autres demandes. Moi, ce sont les intérêts de mes électeurs que je défends », tranche-t-elle.
Sur ce sujet, elle m’apprend un dispositif mis en place suite à quelques scandales ayant touché l’institution. « Pour une pleine transparence, nous avons une application dans laquelle nous devons renseigner tous nos rendez-vous, toutes les personnes que nous rencontrons, chaque activité. C’est très chronophage mais très efficace », me fait connaître Isabelle.
Revenant à son actualité, elle me parle des auditions des futurs Commissaires européens. Pour rappel, ces 27 femmes et hommes sont proposés par les Etats membres à raison de 1 par pays. Chacun, tels des Ministres, a un portefeuille d’exercice. Pour les 5 années à venir, leur Présidente a déjà été désignée, Ursula Von Der Leyen.
In fine, après les avoir entendus, ces sont les parlementaires européens qui acceptent, ou non, leurs candidatures. « Pour la visibilité médiatique de notre travail, il est vraiment dommage que les auditions se déroulent en même temps que la fin de la campagne présidentielle américaine », regrette Isabelle Le Callennec. Elle apprécie la méthode : « Chaque candidat est venu avec une fiche-mission confiée par la Présidente de la Commission européenne. Il s’agit de 5 pages. 2 sont communes et le reste détaille leurs missions et tâches respectives ». Comme cela, « pas de trous dans la raquette et de risques que les uns marchent sur les pieds des autres », précise Isabelle. Avec un peu de malice, elle ajoute : « Si, dans la constitution d’un gouvernement, la France pouvait s’inspirer de cette démarche… ».
Prenant sa nouvelle mission très à cœur, espérons qu’elle conservera tout son enthousiasme dans les 5 prochaines années. Les défis sont fondamentaux pour l’avenir du continent. Sans mauvais jeu de mot, souhaitons donc « bon vent » à notre députée bretonne.
Une vie consacrée à la politique avec un ancrage territorial fort
Après des études de commerce, Isabelle intègre une entreprise audiovisuelle parisienne. Loin de sa région natale, elle s’aperçoit que ce n’est pas sa voie. Elle retourne alors dans les études et passe un master de communication des collectivités locales. Elle effectue son stage de fin d’études au sein du Conseil général (maintenant, départemental) d’Ille-et-Vilaine. Ce retour à la maison va perdurer. Le Président de l’institution, Pierre Méhaignerie, la prend sous son aile. Il la nomme chef de cabinet et son assistante parlementaire. Isabelle est touchée par le virus de la politique.
A un peu plus de 30 ans, elle se lance dans le grand bain. Isabelle Le Callennec se présente aux élections régionales de 2004 en Bretagne. Elle ne sera pas élue, cette fois. C’est en 2008, qu’elle devient conseillère municipale et départementale de la ville de Vitré (20 000 habitants). En 2012, elle passe un cap et devient députée d’Ille-et-Vilaine. En mars 2020, elle est élue maire de sa ville et prend la présidence de la communauté de communes. Un an plus tard, elle devient conseillère régionale de Bretagne. Un parcours fulgurant donc, où elle s’occupe de questions variées comme l’agriculture, la pêche, l’énergie mais aussi les affaires sociales, la jeunesse ou le logement. Durant toutes ces années, Isabelle poursuit sa carrière professionnelle dans divers entreprises.
Son engagement politique se situe au centre droit. C’est dans ce cadre que, en 2024, on lui propose d’intégrer la liste « Les Républicains » pour les élections européennes. Placée en 4ème position, elle rejoint le Parlement de Strasbourg, en juin.