Dans la nuit de dimanche à lundi, le volcan Etna, situé dans l’est de la Sicile, s’est brutalement réveillé. Une colonne de cendres, de gaz et de particules volcaniques s’est élevée au-dessus du cratère principal, dessinant dans le ciel une silhouette sombre visible à plusieurs dizaines de kilomètres.
Le volcan a cette fois projeté des matériaux à haute température, une surprise très rare depuis plusieurs années.

Le volcan Etna sème la panique
Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent des groupes de promeneurs et de randonneurs surpris par la soudaine montée en puissance du volcan. On les voit descendre à vive allure les pentes du massif pour s’éloigner du panache noir qui s’intensifie derrière eux. Des personnes courent avec leurs sacs sur le dos, s’arrêtent brièvement pour regarder ou filmer, mais la plupart semblent chercher une issue loin du danger.
Dans d’autres vidéos, on voit au contraire des individus gravir les sentiers en direction du cratère, attirés par l’aspect spectaculaire du phénomène. Même à distance, les explosions rythmiques et les nuages qui montent droit vers le ciel donnent une impression de force incontrôlable.
Les informations partagées par l’Institut National de Géophysique et de Volcanologie (INGV) basé à Catane indiquent que les premières secousses ont été enregistrées vers 22 heures.
L’intensité du tremblement a augmenté jusqu’à atteindre un pic peu avant une heure du matin. Vers 3h50, une activité plus explosive a commencé. Il ne s’agissait pas de simples dégagements de gaz, mais d’un enchaînement d’explosions dites stromboliennes, connues pour projeter des fragments incandescents et des cendres dans un large rayon autour du cratère.
L’Observatoire de l’Etna, dirigé par le volcanologue Stefano Branca, a indiqué que l’événement en cours représentait la plus forte manifestation éruptive depuis février 2021. Il a également confirmé la présence d’un phénomène plus dangereux encore : un écoulement pyroclastique.
Ce type de coulée, composé de gaz brûlants, de cendres et de fragments de lave, dévale les pentes du volcan à très grande vitesse et détruit tout sur son passage. Ces coulées sont quasiment impossibles à éviter lorsqu’on se trouve dans leur trajectoire.
Des hauteurs de cendres préoccupantes pour le trafic aérien
Le centre de surveillance des cendres volcaniques basé à Toulouse – l’un des neufs centres mondiaux spécialisés dans l’évaluation des risques pour l’aviation – signale la présence d’un nuage de cendres atteignant une altitude de plus de 6 000 mètres. Les compagnies aériennes ont été alertées, et le niveau de risque a brièvement été relevé à une alerte orange, avant d’être redescendu au niveau jaune dans l’après-midi de lundi, lorsque l’activité est devenue moins intense.
Les autorités italiennes ont précisé qu’une fine pellicule de cendres était retombée dans la région de Piano Vetore, une zone touristique située sur les flancs du volcan. Le vent a ensuite dispersé les résidus plus loin vers l’intérieur des terres.
Doit-on éviter d’aller en Sicile à cause du volcan?
Jusqu’à présent, le ministère des Affaires étrangères n’a pas publié de recommandation spécifique pour les voyageurs à destination de la Sicile. Les consignes générales restent en vigueur : il est conseillé de suivre les instructions des autorités locales, de préparer un éventuel départ en urgence et de s’assurer de disposer des documents essentiels et de médicaments en cas d’évacuation.
Si aucun ordre d’évacuation n’est donné, les résidents et les visiteurs doivent rester à l’intérieur, fermer les fenêtres, désactiver les systèmes de ventilation et disposer de réserves d’eau et de nourriture. Il est aussi fortement recommandé de porter un masque ou une protection couvrant le visage lors des déplacements en extérieur, afin d’éviter les effets irritants des cendres sur la peau et les voies respiratoires.
Peut-on visiter un volcan actif sans se mettre en danger ?
Le professeur Dougal Jerram, volcanologue reconnu, estime qu’il est tout à fait possible de découvrir un volcan actif sans courir de risque majeur, à condition de se montrer prudent et d’être accompagné par des guides qualifiés.
Sur l’Etna, les touristes peuvent généralement accéder jusqu’à la zone appelée Vallée du Lion, qui se trouve à une distance jugée raisonnable des cratères actifs. Cela permet d’observer le volcan en action tout en évitant les zones les plus exposées.
Les guides de montagne sont équipés de radios et communiquent en permanence avec les équipes de surveillance. Ils connaissent bien le terrain et savent réagir rapidement si l’activité volcanique s’intensifie. Une partie du public cherche parfois à se rapprocher sans respecter les limites fixées, ce qui peut conduire à des situations périlleuses.
Un attrait irrésistible, même quand le sol tremble
L’éruption de ce lundi a attiré de nombreux curieux. Depuis les ruines antiques du théâtre de Taormina, à plus de quarante kilomètres du cratère, on pouvait apercevoir les nuages sombres s’élever en colonne dans le ciel matinal. Pour certains touristes, l’expérience visuelle semblait plus forte que la crainte. On les voit dans plusieurs vidéos tenter de filmer la scène tout en s’approchant, ce qui complique la tâche des autorités chargées de garantir la sécurité.
Dougal Jerram résume bien ce paradoxe : la beauté saisissante d’une éruption attire les foules, mais ce spectacle naturel peut basculer en danger mortel en quelques secondes.
Un phénomène fréquent
L’Etna, souvent surnommé « la Montagne » par les Siciliens, est le volcan le plus actif d’Europe. Il connaît plusieurs phases d’éruptions chaque année, certaines faibles et peu spectaculaires, d’autres plus marquées. La nature exacte de ces épisodes varie selon la pression interne du magma, l’humidité de l’air, et l’état des conduits qui relient la chambre magmatique à la surface.
Même si les scientifiques disposent de nombreux capteurs pour surveiller l’activité interne du volcan, il reste difficile de prévoir précisément le moment et la puissance d’une éruption. Les signes précurseurs – tremblements de terre, dégagements gazeux, déformations du sol – permettent parfois d’anticiper, mais ne garantissent pas une prévision exacte.
Et après ?
Les chercheurs de l’INGV ont annoncé lundi soir que l’épisode éruptif semblait terminé. L’intensité des explosions a diminué, et la sismicité s’est stabilisée. Ils restent vigilants, car une baisse de l’activité ne signifie pas forcément un retour à la normale durable. Le volcan conserve une énergie interne élevée, et une reprise reste possible dans les jours ou semaines à venir.