Marcel Ophüls, figure majeure du documentaire historique, s’est éteint le 24 mai 2025 à l’âge de 97 ans, dans sa maison du sud-ouest de la France. Fils du cinéaste Max Ophüls, il a marqué le cinéma par une œuvre engagée, qui cherchait à explorer les zones d’ombre de l’histoire.
Qui est Marcel Ophüls?
Né en 1927 à Francfort-sur-le-Main, Marcel Ophüls a fui l’Allemagne nazie avec sa famille en 1933, d’abord vers la France, puis les États-Unis. Cette expérience d’exil a influencé sa vision du monde et sa démarche artistique. Après des débuts dans le cinéma de fiction, il s’est tourné vers le documentaire, cherchant à interroger les récits officiels et à révéler les complexités de l’histoire.
“Le Chagrin et la Pitié” : une remise en question du récit national
En 1969, Marcel Ophüls réalise “Le Chagrin et la Pitié“, un documentaire de plus de quatre heures consacré à la ville de Clermont-Ferrand sous l’Occupation. À travers des interviews de résistants, de collaborateurs et de citoyens ordinaires, le film montre la diversité des comportements pendant la Seconde Guerre mondiale, remettant en cause le mythe d’une France unanimement résistante. Initialement interdit de diffusion à la télévision française, le film connaît un succès en salles et devient une référence dans la réflexion sur la mémoire collective.
Marcel Ophüls poursuit son exploration des zones grises de l’histoire avec des documentaires tels que “L’Empreinte de la justice” (1976), sur les procès de Nuremberg, et “Hôtel Terminus : Klaus Barbie, sa vie et son temps” (1988), qui lui vaut un Oscar. Il s’intéresse également au rôle des médias en temps de guerre avec “Veillées d’armes” (1994). Son style, mêlant rigueur documentaire et subjectivité assumée, vise à susciter la réflexion et à questionner les certitudes.
Jusqu’à la fin de sa vie, Marcel Ophüls est resté fidèle à son engagement pour une histoire lucide et sans complaisance. Son œuvre continue d’inspirer les documentaristes et les historiens, rappelant l’importance de confronter les récits officiels aux témoignages et aux faits. Il laisse derrière lui une filmographie qui invite à la vigilance et à la réflexion sur les responsabilités individuelles et collectives face à l’histoire.