L’économie européenne traverse une période de déclin, plombée par des crises successives et une productivité stagnante. En comparaison avec les États-Unis, où la croissance est stable et soutenue, la zone euro peine à reprendre son élan. Les récentes données du Fonds monétaire international (FMI) illustrent ce décalage : avec une prévision de croissance de 0,8 % pour la zone euro en 2024, contre 2,8 % pour les États-Unis, l’Europe accuse un retard de plus en plus prononcé.
Ce fossé s’explique en partie par la divergence dans les réponses politiques aux crises récentes, en particulier la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine.
La bonne nouvelle içi est que le marché européen reste malgré tout l’un des plus attractifs et que des mesures protectionnistes pourraient nous aider à rattraper ce retard économique.
Le Diagnostic de l’IMF nous indique que ce déclin est dû à la Faiblesse Structurelle et Productivité basse du continent
Selon Alfred Kammer, directeur du département européen du FMI, trois grands problèmes freinent l’économie européenne : des marchés fragmentés, un manque de jeunes entreprises productives et une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. La fragmentation du marché unique européen, qui empêche une libre circulation optimale des biens, services et capitaux, limite la capacité de l’Europe à accroître sa productivité et à rivaliser avec des économies plus intégrées, comme celle des États-Unis. Le revenu par habitant en Europe est actuellement inférieur de 30 % à celui des États-Unis et n’a pas progressé depuis deux décennies.
En réalité, les taxes dans les pays européens sont souvent tellement élevées que des pays comme
Kammer souligne que ces déficiences structurelles exigent des réformes urgentes pour redynamiser une Europe en déclin. Les effets de la pandémie et de la guerre en Ukraine ont accru la pression sur les marchés européens, ajoutant aux difficultés existantes et rendant la reprise d’autant plus difficile.
La guerre en Ukraine a intensifié les difficultés économiques de l’Europe en provoquant une envolée des prix de l’énergie. En raison de sa dépendance à l’énergie russe, l’Europe a subi de plein fouet les conséquences de l’embargo sur les ressources énergétiques, contribuant à une hausse de l’inflation. Les prévisions du FMI estiment que les économies avancées européennes devraient croître de seulement 1 % en 2024, tandis que la croissance sera légèrement plus élevée dans les pays d’Europe centrale, orientale et du sud-est avec 2,3 % attendus pour 2024.
Kammer note que, malgré une stabilisation progressive de l’inflation, les perspectives économiques demeurent marquées par une forte incertitude, notamment pour les investisseurs. Cette incertitude freine la consommation et décourage l’investissement à long terme, créant un climat économique morose.
Les Modèles Protectionnistes pourraient être une Solution face à ce déclin économique
Certains experts et politiciens plaident pour un retour à des mesures plus protectionnistes afin de revitaliser l’économie européenne. En encourageant la production locale et en limitant les importations, l’Europe pourrait tenter de réduire sa dépendance aux importations d’énergie et de produits manufacturés, tout en renforçant sa résilience économique face aux crises extérieures. Mario Draghi, dans son rapport sur la compétitivité, a mis en exergue l’importance de projets structurants similaires aux initiatives américaines telles que l'”Inflation Reduction Act” et le “Chips Act“, qui ont relancé des industries locales clés.
Le protectionnisme pourrait offrir à l’Europe une occasion de protéger les industries locales tout en limitant les effets de la mondialisation déséquilibrée qui, selon certains, profite davantage aux grandes économies qu’aux pays européens. De telles mesures doivent être mises en œuvre avec prudence pour ne pas compromettre le commerce intra-européen ni créer des tensions diplomatiques avec les partenaires commerciaux de l’Union.
La récente décision de l’Union européenne d’imposer des droits de douane élevés sur les véhicules électriques chinois reflète une volonté de protéger l’industrie automobile locale face à une concurrence asiatique considérée comme déloyale. Face à cette mesure, la Chine se trouve dans une position délicate : les constructeurs chinois subissent une forte baisse de la demande intérieure et se tournent de plus en plus vers l’exportation pour compenser. Pourtant, les barrières européennes imposées, allant jusqu’à 45 % pour certains fabricants chinois, compliquent cette stratégie.
Le vote européen, qui a divisé les États membres, a tout de même permis l’adoption de ces mesures compensatoires, signe d’une Europe partiellement alignée sur ses intérêts industriels et souhaitant lutter contr le déclin économique européen.
En réaction, la Chine pourrait recourir à des mesures de rétorsion, ciblant les exportations européennes vers son territoire. Des produits français, comme le cognac, pourraient être touchés par de nouvelles taxes, et la Chine n’exclut pas d’étendre ces mesures à d’autres secteurs, notamment les produits laitiers et les exportations automobiles de forte cylindrée provenant d’Allemagne.
La Chine pourrait également envisager une redirection de ses investissements vers d’autres pays plus favorables comme la Hongrie, qui accueille déjà une part importante des capitaux chinois dans le secteur de l’électromobilité. La Chine envisage également de réduire ses exportations vers des pays européens récalcitrants, concentrant ses efforts sur des nations comme la Turquie ou le Mexique. Parallèlement, elle pourrait limiter ses transferts de technologie vers l’Europe afin de réduire la dépendance étrangère à son savoir-faire industriel.