Majdouline Sbaï est pétillante et combative, c’est depuis son bureau bruxellois que nous échangeons. Elle n’est pas trop dépaysée puisqu’elle vient du Nord de la France.
Je sens immédiatement que Majdouline n’est pas là pour « se croiser les bras ». Elle veut en découdre, défendre ses idées et faire avancer ses dossiers. Le point central de ses propos ? L’écologie. Elle ne l’aborde pas comme un concept politique mais comme des actions concrètes ayant des répercussions pour les citoyens européens. Elle aura les cinq prochaines années pour tenter de faire bouger quelques lignes… Dans une assemblée majoritairement dominée par la droite, le travail ne sera certainement pas simple !
La sociologie de l’environnement au cœur de l’engagement politique de Majdouline Sbaï
J’ai voulu savoir ce qu’est cette matière spécifique. Notre nouvelle députée m’explique que : « c’est l’étude des interactions entre les choix économiques, sociaux, politiques et l’environnement ». Elle a toujours privilégié la recherche/action. Logiquement, avec l’histoire de sa région natale, Majdouline a essentiellement travaillé sur la filière textile. Parallèlement à son activité académique, elle préside une entreprise de l’économie circulaire et un tiers lieu réunissant une centaine de start-up.
Depuis presque 25 ans, Majdouline s’est engagée en politique. Pour le parti « Les Verts », elle a fait un mandat de Vice-présidente au Conseil régional du Nord-Pas-de Calais. Elle s’y est occupée de coopération européenne et internationale, de la politique de la ville et de la citoyenneté.
On le sent très vite, son parcours et son cœur sont profondément ancrés sur son territoire. La « chti » aime sa région et, en plus, comme elle le précise dans un sourire « depuis chez moi, à côté de Lille, Bruxelles n’est qu’à 38 minutes en train ». En route, donc, pour le Parlement européen !
Majdouline Sbaï, députée européenne, a deux crédos : protéger et réguler
Grâce à son mandat, Mme Sbaï veut travailler sur la régulation du commerce international. C’est pourquoi, elle siège au sein de la commission ad hoc du Parlement. Elle cible plus particulièrement les sites Internet non-européens de vente en ligne. Très concrètement, elle veut, entre autres dossiers, s’attaquer à un règlement européen. « Je souhaite revoir, très rapidement, la mesure selon laquelle les colis venant d’Asie, par exemple, et d’une valeur inférieure à 150 euros, ne soient pas taxés par des droits de douane », m’explique-t-elle.
A travers sa volonté régulatrice, c’est la protection des citoyens européens qu’elle vise (avec un petit clin d’œil pour les nordistes !). Le bien-être des travailleurs, la santé pour tous, la conservation des économies locales, la préservation de l’environnement sont au cœur de ses actions. Comme elle le dit, elle défend la « prospérité partagée » en Europe.
Avec un groupe composé de 53 députés sur un total de 720, il est clair que les combats que Majdouline porte ne seront pas simples à faire aboutir. Sa volonté est profonde et ses objectifs clairs. Pour rappel, les politiques européennes reposent sur le consensus. Dans ce cadre, il est à espérer que notre députée puisse faire avancer certaines de ses luttes.
Quand je lui demande si elle est approchée par des lobbyistes, elle éclate de rire et me dit : « non, pas du tout, au regard de mes positions, ils se gardent bien de prendre contact avec moi ! ». Plus sérieusement, elle n’est pas contre les groupes de pressions dès lors qu’ils défendent des intérêts communs. Majdouline reste toujours à l’écoute de ce que des syndicats, des fédérations, des chercheurs ont à dire.
« Siéger au sein de l’institution, certes, mais toujours ancrée sur le terrain »
Ses premiers sentiments sur le « dédale » bruxellois sont plutôt positifs. La députée trouve que, à l’image de la capitale belge, il y a une certaine forme de simplicité dans le fonctionnement de l’institution. « Il y a moins de protocole que dans les assemblées en France… Il existe une plus grande horizontalité entre les élus et les services administratifs et techniques », me décrit-elle.
Du lundi au jeudi, elle est au Parlement. La proximité entre sa région et l’assemblée lui permet de venir rapidement à des événements locaux. Dans un clin d’œil, elle me dit : « Hier soir, par exemple, j’étais à un point de regroupement en soutien aux agriculteurs de mon fief ». Le vendredi est consacré au « travail de fond », comme elle le précise. Pour la députée, c’est le moment pour la lecture, les rencontres, les débats, l’écoute de ses administrés. Elle veut rester un contact avec la réalité des citoyens et être accessible à tous ceux qui voudraient lui faire passer des messages. Dans un éclat de rire, elle me dit : « si j’avais besoin que l’on me ramène à la vraie vie, mes enfants seront les premiers à s’en charger ».
Je suivrais, avec attention et intérêt, les évolutions du parcours de cette nouvelle élue mais, aussi, militante, intellectuelle et femme politique.