Le Parti fédéraliste européen se présente aux prochaines élections européennes en
misant notamment sur le contrôle de l’immigration. Le point sur les ambitions de
cette formation avec son président Yves Gernigon.
Bonjour Yves Gernigon. Pourriez-vous nous présenter les objectifs du Parti fédéraliste européen ?
Les objectifs de ce parti, fondé en 2011, sont que l’Europe s’occupe de la défense, de la diplomatie et gère les frontières.
Mais aussi, qu’à l’échelle de l’Europe, puisse naître une police et une justice spécifique
En dehors de ces buts affichés, notre angle d’attaque est la défense des intérêts des citoyens européens.
En attribuant ces compétences à l’Europe, les citoyens seront mieux protégés face aux événements futurs qui semblent assez inquiétants. Nous pensons notamment au retour de la guerre sur le sol européen ou encore à l’immigration qui submerge l’Europe.
En 2014 et en 2019, le Parti fédéraliste européen s’était déjà présenté aux élections européennes. Quelques années plus tard, diriez-vous que celui-ci a redéfini une ligne politique ?
Tout à fait. En 2014, il existait différentes têtes de liste en fonction des circonscriptions. En somme, des leaders par région. Puis en 2019, j’ai été tête de liste du parti.
Par la suite, notre ligne politique a en effet été approfondie. En 2014 et en 2019, le parti était presque uniquement basé sur la nécessité d’une constitution de type fédéral pour l’Europe.
Il s’agissait de notre message principal.
Aussi, au sein du groupe, nous pouvions avoir des militants de tous bords : de droite, des écologistes ou encore du centre. Mais cela nous empêchait de prendre des positions sur des sujets clés. Des sujets notamment géopolitiques, comme l’attitude à adopter face aux USA, face à l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord) ou encore les relations avec les Pays soviétiques et la Chine, par exemple.
Nous avions aussi des avis divergents sur la question économique, qui n’est jamais simple, entre protectionnisme, libéralisme et ultra-libéralisme. Le fait d’avoir des personnes de différentes formations ne permet pas de se mettre d’accord sur des questions communes.
Alors, nous avons fini par porter un message plus à droite, plus conservateur. Par exemple, nous avons une position claire et nette sur l’immigration à laquelle nous voulons dire stop.
Justement, pourrait-on faire un point sur le programme de votre parti en vue des élections européennes
L’immigration, sujet vaste et complexe, est le thème clef de notre programme. Nous ne pourrons évidemment pas solutionner le problème du jour au lendemain.
Sur cette question, il existe plusieurs registres d’action. Le premier registre est démographique. Nous savons en effet que l’Afrique double sa population tous les 30 ans, ce qui induit des cours migratoires très importants. Pour nous, c’est aux Africains de prendre en charge leur propre démographie.
L’immigration a aussi un impact sécuritaire et économique.
Contrairement à Ursula von der Leyen (la présidente de la Commission européenne) qui ne veut pas investir un euro dans le sujet, nous pensons que mettre en place des frontières avec les pays de l’Union européenne est essentiel.
Nous n’avons jamais pensé aux frontières externes… Résultat : côté immigration, il y a un retour de bâton très violent.
Le nouveau grand projet européen serait pour nous de mettre en place des garde-côtes et des garde-frontières européens. Car, aujourd’hui, l’Europe est une forme de centre d’accueil pour migrants.
Sur la partie économique, nous sommes d’accord pour coopérer. Il existe d’ailleurs énormément d’aides de l’Union Européenne à destination des pays Africains, des pays arabes et du Moyen-Orient.
Il serait temps que l’Union européenne finance également d’autres choses. Des projets industriels ou encore des initiatives dans le domaine de l’intelligence artificielle.
En-dehors du programme de votre parti, revenons sur l’un de vos arguments. Pour vous, l’Europe ne doit pas s’occuper des affaires des Etats…c’est-à-dire ?
En effet, nous avons l’impression qu’à Bruxelles (où se trouve le Parlement européen) existe un espèce de « léviathan technocratique » qui s’immisce dans les affaire des Etats, en s’intéressant à des compétences qui ne sont pas des compétences européennes. Et, surtout, qui ne devraient pas l’être.
Je pense à la liberté de la presse et au fait que Ursula von der Leyen ait demandé la censure de certains médias. Mais aussi aux affaires religieuses avec la promotion de l’Islam par l’échiquier Européen.
Vous souhaiteriez que le système européen prenne exemple sur celui qui existe aux Etats-Unis… pourriez-vous nous en dire davantage ?
À Bruxelles, nous avons une administration avec une « quasi impératrice » (Ursula von der Leyen) qui prend des décisions qui pèsent dans les affaires du Monde. Il n y a pas de légitimité démocratique qui porte cette commission.
Il existe des structures qui sont un peu démocratiques, mais elles n’ont aucune portée.
Elles n’effectuent aucun contrôle ou presque sur la Commission qui est censée représenter les citoyens européens.
Et, en l’occurrence, les peuples ne sont ni représentés, ni respectés à Bruxelles.
Nous aimerions la constitution d’un système semblable à celui qui existe aux Etats-Unis. Là-bas, il y a des représentants des Etats et des représentants des citoyens qui exercent au Congrès. Ce qui permet un contrôle véritablement démocratique sur les décisions qui sont votées.