Depuis plusieurs mois, Israël utilise presque quotidiennement son réseau complexe de défenses aériennes pour contrer des missiles et drones lancés depuis différentes zones hostiles. L’armée israélienne doit ainsi faire face à des tirs venus d’Iran, du Hezbollah au Liban, du Hamas depuis Gaza et des rebelles houthis basés au Yémen.
Pour renforcer ces systèmes déjà présents, les États-Unis envoient actuellement en Israël leur dispositif antimissile de haute altitude, le Thaad. Ce dernier s’ajoutera aux technologies israéliennes existantes : le Dôme de fer, la Fronde de David, Arrow 2 et Arrow 3. Voici un panorama complet de ces armes défensives qui protègent Israël mais qui montrent aujourd’hui leurs limites.
Le Dôme de fer : une barrière qui commence à se fissurer
Le Dôme de fer est sans doute le système le plus connu du public. Il a été conçu après la guerre de 2006 contre le Hezbollah, lorsque près de 4000 roquettes avaient frappé Israël en causant d’importants dégâts et la mort de dizaines de civils. Développé par Rafael Advanced Defense Systems et Israel Aerospace Industries, il est entré en service en 2011. Son premier tir opérationnel a eu lieu cette même année contre une roquette lancée depuis Gaza.
Comment fonctionne le Dôme de fer ?
Chaque batterie de ce système comprend un radar de détection, un centre de contrôle qui calcule la trajectoire des projectiles ennemis, ainsi que trois ou quatre lanceurs pouvant contenir 20 missiles intercepteurs chacun. Lorsque des roquettes sont repérées, le radar analyse rapidement leur direction et la probabilité qu’elles frappent une zone habitée. Si la menace est avérée, un missile Tamir, coûtant environ 50 000 dollars, est lancé pour détruire la roquette en plein vol.

Ses réussites et ses faiblesses
L’armée israélienne affirme que ce système abat environ 90 % des cibles qu’il engage. Pourtant, son efficacité est aujourd’hui remise en question. Les récentes attaques iraniennes ont démontré que si un trop grand nombre de missiles sont lancés simultanément, le Dôme de fer ne parvient pas à tous les stopper. Certains missiles, malgré l’activation du système, ont atteint leurs objectifs, causant morts et destructions, comme ce fut le cas lorsqu’un projectile a frappé un hôpital dans le sud du pays en juin 2025.
La Fronde de David : un bouclier pour les menaces intermédiaires
La Fronde de David, développée conjointement par Rafael et Raytheon (États-Unis), est en service depuis 2017. Elle cible des roquettes de plus longue portée que celles interceptées par le Dôme de fer, ainsi que des missiles de croisière et des missiles balistiques de courte ou moyenne portée.
Son mode d’action
La Fronde de David peut intercepter des missiles situés jusqu’à 300 km. Comme le Dôme de fer, elle sélectionne uniquement les projectiles menaçant des zones habitées. Chaque missile intercepteur « Stunner » coûte environ un million de dollars, un prix qui pèse lourdement sur le budget militaire en cas d’attaque massive. Elle peut également viser des drones et des avions ennemis.
Arrow 2 et Arrow 3 sont l’œil et la lance du ciel
Après la première guerre du Golfe en 1991, durant laquelle l’Irak avait lancé des missiles Scud sur Israël, le pays a commencé à développer le système Arrow pour se protéger de ce type de menaces.
Arrow 2 : l’intercepteur de l’atmosphère
Arrow 2 est opérationnel depuis 2000. Il repère les missiles balistiques à environ 500 km et les frappe lorsqu’ils traversent la haute atmosphère, jusqu’à une altitude de 50 km. Les missiles d’Arrow 2 voyagent à neuf fois la vitesse du son et peuvent viser 14 cibles en même temps. Son premier tir réel remonte à 2017, lorsque l’armée israélienne a abattu un missile surface-air syrien.
Arrow 3 : le gardien de l’espace proche
Arrow 3, développé avec l’aide de Boeing, cible des missiles balistiques longue portée lorsqu’ils sont en dehors de l’atmosphère terrestre, à des distances pouvant atteindre 2400 km. Ce système a été utilisé pour la première fois en 2023 contre un missile lancé par les Houthis vers la ville israélienne d’Eilat.
Thaad, encore un appui américain
Les États-Unis ont décidé d’envoyer leur système Thaad (Terminal High-Altitude Area Defense) après l’attaque massive de l’Iran en octobre dernier. Le Thaad est conçu pour intercepter des missiles dans leur phase finale de trajectoire, jusqu’à 200 km de distance, et peut agir à l’intérieur comme à l’extérieur de l’atmosphère terrestre.
Chaque batterie Thaad comprend six lanceurs, chacun contenant huit missiles. Environ 100 soldats américains sont nécessaires pour le faire fonctionner, et certains équipements sont déjà arrivés sur place. Utilisé depuis 2015 par l’armée américaine, le Thaad a également été vendu à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.
Va-t-on vers une saturation du système israélien ?
Israël dispose donc d’une défense en « couches » : le Dôme de fer pour les menaces de courte portée, la Fronde de David pour les distances intermédiaires, et Arrow 2 et 3 pour les missiles balistiques. Le Thaad vient renforcer cet arsenal.
L’attaque de juin 2025 a révélé un danger croissant : la multiplication des tirs en peu de temps ou l’emploi de missiles hypersoniques comme le Fattah-1, capables d’atteindre 15 000 à 18 000 km/h, rend leur interception extrêmement difficile. Ces missiles, dont la trajectoire est imprévisible, compliquent la tâche de tous les systèmes de défense. Les missiles de croisière iraniens, comme le Hoveyzeh, peuvent également modifier leur itinéraire en vol, rendant leur neutralisation encore plus complexe.
Chaque interception via Arrow ou la Fronde de David, coûte des centaines de milliers voire des millions de dollars. Or, Israël n’a pas de stock illimité de ces missiles. Si l’Iran ou d’autres acteurs poursuivent une stratégie consistant à lancer simultanément un grand nombre de projectiles peu coûteux, la défense israélienne risque l’épuisement économique et matériel, d’autant plus si les États-Unis venaient à se retirer du conflit .