Le prince héritier Reza Pahlavi, est celui qui représente l’opposition iranienne en exil. Il a dénoncé avec force la reprise des discussions nucléaires entre Téhéran et Washington, prévues ce week-end à Rome.
Dans une déclaration publique, il a averti que ces pourparlers ne conduiraient à aucun apaisement durable dans la région. La République islamique s’est toujours servie des négociations comme d’un outil pour gagner du temps, alléger la pression internationale et consolider son emprise sur le pays.
Le Prince héritier nous alerte sur la fragilité de l’Iran
« Le régime actuel ne cherche pas un compromis sincère », a-t-il déclaré. « Il manipule le dialogue diplomatique pour retarder les mesures coercitives et renforcer sa domination. Tout accord, même animé par de bonnes intentions, offrirait un sursis à un pouvoir affaibli, tout en lui permettant de poursuivre ses méthodes de répression interne et ses actions hostiles à l’étranger. »
Il indique que la République islamique est assez fragile en ce moment. Il évoque une direction désunie, un système économique au bord de l’effondrement, et une population qui manifeste régulièrement, exprimant un rejet clair de l’autorité actuelle. « L’équilibre s’effondre déjà. Ce n’est pas le moment d’aider un régime moribond à survivre artificiellement », martèle-t-il.
Il appelle les États-Unis ainsi que leurs partenaires européens – notamment le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie – à ne pas appuyer les négociateurs de la République islamique, mais à soutenir directement le peuple iranien. « Il faut traiter avec les Iraniens, pas avec ceux qui les oppriment », a-t-il déclaré.
L’Iran et le dilemme américain
Depuis l’abandon de l’accord de 2015 par l’administration Trump, l’Iran a intensifié ses activités nucléaires. Téhéran a installé des centrifugeuses de dernière génération et accru ses capacités d’enrichissement. Le volume d’uranium enrichi à 60 % – soit une pureté proche du niveau militaire de 90 % – avoisine aujourd’hui les 275 kilos, selon les dernières estimations. À ce rythme, il suffirait de moins de deux semaines pour produire suffisamment de matière pour une bombe.
De plus, les agences de renseignement américaines ont conclu que les autorités iraniennes étudiaient la possibilité de constituer rapidement un arsenal rudimentaire, sans attendre de pouvoir monter une ogive sur un missile. Cette stratégie viserait à disposer d’une capacité dissuasive élémentaire en un temps réduit.
Face à cette situation, les responsables américains restent divisés. Certains, comme le secrétaire d’État Marco Rubio et le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, considèrent qu’aucune discussion n’est possible avec un pouvoir aussi peu fiable. Ils soutiennent une intervention militaire rapide. D’autres, tels que le vice-président JD Vance et le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, estiment que l’usage de la force entraînerait trop de conséquences imprévisibles et préfèrent une solution par le dialogue.
Le président Trump lui-même semble osciller entre les deux options. Il a menacé à plusieurs reprises de recourir à une attaque massive si aucun accord n’est signé. Pour appuyer ses déclarations, des groupes navals et des bombardiers stratégiques ont été déployés dans la région. Ces avions sont capables de larguer des bombes conçues pour pénétrer profondément dans le béton armé, ce qui les rend particulièrement adaptées à la destruction de sites nucléaires enterrés.
Simultanément, Trump a proposé une rencontre directe avec le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei. Il a envoyé son émissaire Steve Witkoff pour mener les négociations et a même sollicité l’aide du président russe Vladimir Poutine afin de convaincre l’Iran de conclure un accord.
Téhéran est faible
L’initiative américaine survient à un moment particulièrement difficile pour le régime iranien. Sa stratégie régionale, consistant à soutenir militairement et politiquement des groupes alliés au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, s’est effondrée sous les coups portés par Israël et l’évolution du pouvoir en Syrie. Plusieurs attaques israéliennes ont détruit des infrastructures clés liées aux missiles et aux défenses aériennes près de Téhéran.
Sur le plan économique, les sanctions imposées depuis des années ont asséché les revenus de l’État. Le commerce extérieur est paralysé, la monnaie s’effondre, et les réserves financières fondent. Cette situation aurait convaincu certains responsables iraniens qu’un accord est nécessaire pour éviter une guerre avec des puissances étrangères et une explosion sociale intérieure.
La perspective d’un compromis semble donc être prise au sérieux par les deux parties. Les représentants de Téhéran ont laissé entendre qu’ils seraient prêts à discuter de limitations strictes de leur programme nucléaire et même de leur rôle dans la région. Toutefois, ils refusent catégoriquement de renoncer à leurs capacités balistiques ou de démanteler entièrement leur infrastructure nucléaire.
La position américaine reste floue
L’émissaire spécial Steve Witkoff a affirmé dans un premier temps que l’Iran pourrait conserver un niveau d’enrichissement très faible, comme dans l’accord de 2015. Mais dès le lendemain, il a affirmé que tout enrichissement devrait être aboli dans le cadre d’un accord acceptable. De son côté, Trump a déclaré que l’Iran devait « abandonner toute ambition nucléaire », sans préciser ce que cela impliquait concrètement.
En définitive, l’issue des négociations dépendra de la volonté réelle de Washington de faire pression et de la capacité de Téhéran à faire des concessions substantielles. Si un accord voit le jour, il ressemblera probablement à celui de 2015, que Trump avait violemment critiqué. Mais les circonstances ont changé, et une partie de ses alliés d’hier pourraient aujourd’hui le féliciter d’avoir « sauvé » la situation.
L’Iran recommence à accuser Israël
l’Iran a accusé Israël de chercher à faire capoter les discussions en cours. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a affirmé qu’une campagne coordonnée était menée pour faire échouer le processus diplomatique. Il a également pointé du doigt certains milieux politiques aux États-Unis qu’il qualifie de favorables à une confrontation armée.
Selon le New York Times, Trump aurait récemment dissuadé Israël de frapper les installations nucléaires iraniennes à court terme. Cependant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu continue de réaffirmer qu’Israël empêchera par tous les moyens l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.
Téhéran, de son côté, réaffirme que son programme nucléaire est exclusivement civil. Mais les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont confirmé que les activités iraniennes dépassaient largement les seuils autorisés par l’accord de 2015.
Une nouvelle rencontre entre les délégations iranienne et américaine est prévue sous médiation omanaise. Le processus reste incertain, et les mois à venir seront décisifs quant à l’avenir de la République islamique, à la sécurité régionale et au rôle que Washington souhaite réellement jouer dans cette partie du monde.