Le président français Emmanuel Macron a annoncé ce samedi 5 Octobre l’arrêt de vente d’armes à Israël. Cette décision est assez lourde puisqu’elle implique que la France soutient la Palestine ainsi que d’autres pays du monde arabe dans cette dispute régionale qui prend de plus en plus l’ampleur d’une guerre.
L’arrêt de vente d’armes à Israël, un tournant majeur dans les relations diplomatiques du pays.
Le conflit israélo-palestinien a longtemps été au centre de la politique étrangère française au Moyen-Orient, et sous Macron, cette tendance s’est poursuivie. L’un des aspects les plus délicats de l’implication de Macron dans ce conflit est sa position concernant Israël et Gaza, en particulier face aux attaques israéliennes sur la bande de Gaza. Récemment, le 5 Octobre 2024, alors que le conflit a pris une nouvelle tournure avec des bombardements prolongés et une intervention terrestre au Liban par les forces israéliennes, Macron a appelé à l’arrêt des ventes d’armes à Israël.
Dans une déclaration publique, Macron a souligné que la France ne livrerait plus d’armes à Israël, en raison des violations potentielles du droit humanitaire international dans la guerre contre Gaza, qui a fait rage depuis près d’un an. Bien que la France ne soit pas un fournisseur majeur d’armes pour Israël, cette décision envoie un message diplomatique fort. Macron a également critiqué les actions militaires israéliennes au Liban, affirmant qu’il était primordial d’éviter une escalade régionale, et que le peuple libanais ne devait pas être sacrifié à cause des tensions entre Israël et ses voisins.
Cette position, bien qu’elle ait trouvé un écho favorable auprès de certaines nations arabes comme le Qatar et la Jordanie, a également suscité des réactions négatives du côté israélien. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié les déclarations de Macron de “honteuses”, tout en défendant le droit d’Israël à se protéger contre ce qu’il appelle les forces de barbarie soutenues par l’Iran.
La Politique Française de Non-Exportation d’Armes, un engagement à plein-temps
La France, en tant que l’un des principaux exportateurs d’armes au monde, est soumise à des règles strictes en matière de vente d’armements à l’étranger. Dans le cadre de ses engagements internationaux, notamment le Traité sur le Commerce des Armes (TCA) signé en 2013, ainsi que de son propre cadre législatif, la France interdit ou limite l’exportation d’armes vers certains pays. Ces interdictions sont fondées sur des critères spécifiques, tels que la violation des droits de l’homme, les conflits armés, ou le risque d’une utilisation abusive des armes vendues. Voici un aperçu des pays pour lesquels la France a suspendu ou interdit les livraisons d’armes.
Depuis 2015, la guerre civile au Yémen a provoqué une des pires crises humanitaires au monde. Le conflit, qui oppose les forces gouvernementales soutenues par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite aux rebelles houthis soutenus par l’Iran, a suscité des appels internationaux pour la suspension des ventes d’armes aux belligérants. La France, bien que n’ayant pas suspendu formellement toutes ses ventes d’armes à la coalition, a été critiquée pour ses exportations d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, principaux acteurs du conflit.
Cependant, sous la pression des ONG et des organismes de défense des droits de l’homme, la France a réduit les livraisons d’armements utilisés directement dans le conflit au Yémen, bien que certains équipements militaires continuent d’être exportés.
Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, la France a été un ardent critique du régime de Bachar al-Assad et de ses violations massives des droits de l’homme. La France a interdit toute exportation d’armes vers la Syrie, que ce soit vers le régime ou les groupes rebelles. L’objectif est d’éviter que les armes françaises ne contribuent à l’intensification du conflit ou ne soient utilisées dans des crimes de guerre. La France a, en revanche, participé à des opérations militaires contre Daech en Syrie, mais cela n’a jamais inclus la fourniture d’armements aux parties directement impliquées dans la guerre civile.
L’Iran est un autre pays auquel la France interdit l’exportation d’armes en raison des sanctions internationales imposées par l’ONU et l’UE. Ces sanctions visent à empêcher Téhéran de se doter de matériel militaire avancé susceptible de soutenir son programme nucléaire controversé ou de renforcer ses alliés dans la région, tels que le Hezbollah au Liban. L’embargo sur les armes à destination de l’Iran fait partie des mesures adoptées après la signature du Plan d’action global conjoint (PAGC) en 2015, bien que cet accord ait été fragilisé par le retrait des États-Unis en 2018.
La Corée du Nord est sous le coup de sanctions internationales strictes, et la France s’est engagée à ne pas fournir d’armes au régime de Pyongyang. L’arsenal militaire nord-coréen, notamment en ce qui concerne les armes nucléaires et les missiles balistiques, a conduit à l’adoption de sanctions par le Conseil de sécurité des Nations Unies, que la France applique avec rigueur. La politique française vise à contenir la prolifération des armes nucléaires et à empêcher tout soutien militaire à ce régime autoritaire.
En réponse aux violations des droits de l’homme contre la minorité musulmane rohingya et aux opérations militaires brutales de l’armée birmane, la France a suspendu l’exportation d’armes vers la Birmanie. Cette suspension s’inscrit dans un effort plus large de l’UE visant à isoler le gouvernement militaire birman après le coup d’État de 2021 et à réduire ses capacités de répression. La France a joué un rôle actif au sein de l’UE pour dénoncer les crimes commis par l’armée birmane et a appelé à la fin de la violence contre les civils.
En raison de la guerre civile qui fait rage en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la France suit les résolutions de l’ONU qui imposent un embargo sur les armes à destination de ce pays. L’objectif de cet embargo est de prévenir l’escalade des combats entre les factions rivales et de réduire l’influence des groupes armés qui prolifèrent dans le pays. Malgré cela, certaines accusations ont été portées contre la France concernant des ventes indirectes d’armes aux belligérants, bien que Paris ait toujours nié ces allégations.
Le Soudan, en proie à des conflits internes prolongés, notamment au Darfour, fait partie des pays où la France a suspendu l’exportation d’armes en raison des violations graves des droits de l’homme commises par le gouvernement soudanais et ses milices alliées. L’embargo sur les armes à destination du Soudan, soutenu par les Nations Unies, vise à empêcher l’approvisionnement en armes des parties impliquées dans ces conflits qui ont causé des millions de morts et de déplacés.