Depuis son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine a progressivement tissé des liens étroits avec plusieurs pays du Moyen-Orient, jouant un rôle crucial dans la géopolitique de la région. Son approche pragmatique et stratégique a permis à la Russie de renforcer sa présence et son influence dans une zone clé du monde. Un exemple notable de cette implication est la relation de Poutine avec la Syrie, illustrée par sa récente rencontre avec le président syrien Bachar al-Assad à Moscou.
Pour Vladimir Poutine, le mois de juillet ne rime pas avec vacances.
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré le président syrien Bachar al-Assad à Moscou, comme en témoignent les images diffusées par le Kremlin. Cette réunion, qui s’est tenue mercredi, a été l’occasion pour les deux dirigeants de discuter des questions touchant leurs pays respectifs. Poutine a exprimé son intérêt pour l’opinion d’Assad sur l’évolution de la situation dans la région, soulignant une tendance inquiétante à l’escalade, notamment en Syrie.
Cette rencontre fait suite à celle de mars 2023, marquant les douze ans de l’insurrection en Syrie qui a conduit à une guerre civile. Lors de cette précédente réunion, Poutine avait mis en avant le rôle crucial des militaires russes dans la stabilisation de la Syrie. Depuis septembre 2015, la Russie mène une campagne militaire en Syrie, aux côtés de l’Iran, pour soutenir le gouvernement d’Assad contre les groupes armés d’opposition et reprendre le contrôle de la majeure partie du pays.
Vladimir Poutine maintient la présence militaire de la Russie au Moyen-Orient, malgré les priorités en Ukraine.
Alors qu’il y a une concentration des ressources militaires russes en Ukraine, la Russie maintient une présence significative en Syrie, avec des troupes stationnées sur ses bases. Ce maintien montre que la stratégie de Poutine consiste en la conservation des points d’ancrage géopolitique essentiels, même lorsque les priorités nationales semblent ailleurs.
La dualité des priorités militaires montre la capacité de la Russie à gérer simultanément plusieurs théâtres d’opérations, confirmant ainsi son statut de puissance mondiale. Poutine amet souvent l’accent sur les relations économiques bilatérales entre la Russie et la Syrie, ainsi que la situation globale au Moyen-Orient, notamment les tensions régionales telles que la guerre à Gaza et les conflits au Liban.
Un autre aspect de la politique de Poutine au Moyen-Orient concerne ses relations avec la Turquie. La rencontre entre Poutine et Assad survient alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a évoqué une possible normalisation des relations turco-syriennes lors d’un sommet au Kazakhstan début juillet. Bien que la Russie et la Turquie soutiennent des camps opposés en Syrie, leurs relations restent pragmatiques et complexes.
Poutine a exprimé son intérêt pour l’opinion d’Assad sur l’évolution de la situation régionale, en particulier les tensions en Syrie. Assad, de son côté, a mis l’accent sur l’importance de cette réunion pour discuter des perspectives et des scénarios possibles face aux événements mondiaux. Cependant, il n’a pas répondu à l’invitation d’Erdogan pour des pourparlers directs, insistant plutôt sur la nécessité de cesser le soutien au terrorisme et de retirer les troupes turques du territoire syrien.
Les exigences de Damas et la situation avec la Turquie ont un impact sur la stratégie de Vladimir Poutine.
Depuis 2022, Damas exige le retrait des forces turques, qui contrôlent deux zones frontalières au nord de la Syrie, avant toute normalisation des relations. La Turquie, qui accueille environ 3,2 millions de réfugiés syriens, fait face à une pression croissante pour leur retour en Syrie. Mi-juillet, Erdogan a annoncé la fin imminente de l’opération « griffe-verrou » dans le nord de l’Irak et de la Syrie, marquant une potentielle évolution des relations entre Damas et Ankara.
Les relations entre la Syrie et la Turquie sont rompues depuis 2011, suite au début du conflit syrien. Cette guerre, qui dure depuis plus de 13 ans, a profondément fragmenté le pays et modifié les dynamiques régionales. La Russie, en soutenant le régime d’Assad, s’est positionnée comme un acteur incontournable dans la résolution du conflit syrien, tout en naviguant habilement ses relations avec la Turquie.
La politique de Poutine au Moyen-Orient, et en particulier en Syrie, reflète une stratégie de long terme visant à renforcer la position de la Russie sur la scène internationale. En soutenant Assad, la Russie assure non seulement la stabilité de son allié, mais maintient également une présence militaire stratégique en Méditerranée orientale. Cette position permet à la Russie d’exercer une influence sur les développements régionaux et de contrebalancer la présence occidentale.
Les relations avec des acteurs régionaux comme la Turquie montrent la capacité de Poutine à naviguer des alliances pourtant pas évidentes pour la Russie et à utiliser le dialogue pour avancer les intérêts russes. La coopération et la confrontation avec la Turquie sur différents fronts, tout en maintenant des canaux de communication ouverts, montrent cette approche. Il faut aussi se souvenir que la Turquie se positionne comme un médiateur dans le conflit Russie-Ukraine.
La montée en puissance de la Russie au Moyen-Orient sous la direction de Vladimir Poutine a modifié les équilibres géopolitiques de la région. Par des actions militaires décisives et des stratégies diplomatiques pragmatiques, Poutine a renforcé la position de la Russie comme un acteur clé au Moyen-Orient.