Le lundi 29 septembre, plusieurs médias ont rapporté qu’Internet avait été coupé en Afghanistan.
L’organisation terroriste qui dirige le pays a justifié cette coupure comme une mesure destinée à « prévenir l’immoralité ». Mais les Nations unies ont exprimé leur inquiétude face aux « graves conséquences » de cette décision, qui risque d’isoler encore davantage les Afghans du reste du monde.
Fahima Noori a déclaré à la BBC que son « dernier espoir, c’était l’apprentissage en ligne ». Sans internet, les femmes afghanes perdent désormais tout accès à leurs cours.
Le blackout numérique des talibans
Même si les talibans avaient commencé à restreindre la connexion internet depuis plusieurs semaines, la coupure n’a paralysé Kaboul que récemment.
Le groupe, ancien mouvement insurgé arrivé au pouvoir en août 2021, impose depuis des lois basées sur sa propre interprétation de la charia. Cette dernière décision serait, selon le chef suprême Hibatullah Akhundzada, destinée à combattre le vice et l’immoralité.
L’organisation NetBlocks, qui surveille l’accès mondial à Internet, a signalé que « la connectivité en Afghanistan s’était effondrée à environ 1 % », un niveau historiquement bas.
Non seulement le Wi-Fi a été affecté, mais aussi les réseaux 3G et 4G. La chaîne Tolo News a prévenu ses téléspectateurs que les autorités avaient fixé un délai d’une semaine pour la désactivation totale d’Internet mobile.
Le pays s’est alors retrouvé coupé, province par province, du reste du monde.
Les avertissements ignorés
Un commerçant a confié à l’agence AFP que les marchés étaient « complètement à l’arrêt ».
« Tout notre commerce dépend des téléphones », a-t-il expliqué, avant d’ajouter : « Sans téléphone et sans internet, on est aveugles. »
La BBC a également rapporté que les coupures perturbaient les systèmes bancaires et les achats en ligne dans tout le pays.
Les entreprises ont été lourdement touchées, les journalistes ne parvenant plus à contacter leurs sources, tandis que les vols à l’aéroport de Kaboul subissaient de fortes perturbations.
D’après plusieurs sources, les responsables talibans étaient conscients des conséquences économiques, mais ont tout de même décidé de maintenir la coupure.
Les activistes condamnent fermement la décision des talibans
Malala Yousafzai, militante pour l’éducation des femmes et survivante d’une attaque des talibans en 2012, a publié un communiqué sur son site internet condamnant cette décision.
Elle a dit que cette coupure « isolerait totalement les femmes et les filles afghanes du reste du monde ».
Sans accès à internet, a-t-elle précisé, elles « ne peuvent plus suivre leurs cours ni échanger avec leurs professeurs ou leurs camarades ».
Le Malala Fund a qualifié Internet de véritable « bouée de sauvetage » pour les femmes victimes du « système d’apartheid de genre » instauré par les talibans, rappelant qu’il s’agissait de leur seul moyen d’apprendre et de se relier au monde extérieur.
Zarmina, une habitante de Kaboul interrogée par le Malala Fund, a affirmé que la coupure d’internet allait « plonger le peuple afghan dans l’obscurité totale ».
Elle a décrit le traitement réservé aux femmes comme « inhumain », rappelant qu’elles ont été privées d’éducation, d’emploi et même du droit de sortir de chez elles.
L’Online Women’s University a déclaré que 17 000 étudiantes afghanes étaient inscrites à ses programmes, qui proposaient des cours d’anglais, d’informatique et d’autres matières.
Grâce à Internet, ces femmes pouvaient étudier depuis leur domicile.
Un monde inquiet pour ces femmes
Les Nations unies ont souligné que l’Afghanistan était désormais « virtuellement coupé du reste du monde ».
Avec le pays plongé dans le silence, l’organisation craint que cette isolation accrue permette aux talibans d’agir sans témoin ni responsabilité internationale.
L’ONU a appelé les autorités à rétablir immédiatement l’accès à Internet.
Un retour sur Internet sans aucune explication
Après une vague de condamnations internationales, l’accès à Internet a été partiellement rétabli.
NetBlocks a confirmé une « restauration partielle » du réseau dans plusieurs régions.
Un habitant a confié à la BBC que « tout le monde est heureux, les téléphones à la main » et que « les rues sont de nouveau pleines de monde ».
Un porte-parole des talibans basé au Qatar a déclaré que « toutes les communications » avaient été rétablies le mercredi 1er octobre.
Mais aucune explication officielle n’a été donnée sur les raisons de cette réouverture.
La rédaction de BBC Afghan rapporte simplement que la population locale, soulagée, célèbre le retour de la connexion.


