Le parti de gauche radicale France Insoumise (LFI) a annoncé sa décision de boycotter la “grande marche civique” organisée par les présidents des deux chambres du Parlement français, prévue ce dimanche dans la capitale. Parallèlement, la participation du Rassemblement National (RN) d’extrême droite crée une division parmi les factions politiques, avec des accusations selon lesquelles le parti, anciennement connu sous le nom de Front National (FN), fondé par le négationniste de l’Holocauste Jean-Marie Le Pen, n’a pas sa place dans un tel rassemblement.
Olivier Veran, porte-parole du gouvernement centriste du président Emmanuel Macron, a annoncé que la Première ministre Elisabeth Borne participerait mais a souligné que le RN “n’avait pas sa place” dans la marche. Le leader communiste Fabien Roussel a exprimé la même réticence, refusant de marcher aux côtés du RN de Marine Le Pen, l’accusant d’être issu de personnes “condamnées à plusieurs reprises pour des remarques antisémites” et ayant “collaboré” avec l’Allemagne nazie.
Roussel a déclaré : “Il est important qu’il y ait une marche contre l’antisémitisme. Nous marcherons peut-être ailleurs, mais pas avec eux,” soulignant les divisions idéologiques au sein du paysage politique.
Les présidents des deux chambres du Parlement français, Yael Braun-Pivet de l’Assemblée nationale et Gerard Larcher du Sénat, ont annoncé une “mobilisation générale” contre la recrudescence des actes antisémites en France. Cependant, le leader de la LFI, Jean-Luc Mélenchon, a rejeté immédiatement l’idée, la qualifiant dans un post sur X, anciennement Twitter, de réunion “d’amis du soutien inconditionnel au massacre” à Gaza.
Le parti a maintenu sa position mercredi, déclarant qu’il n’était pas pratique de lutter contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme aux côtés d’un parti ayant ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme. Ils ont qualifié d'”hypocrisie” le fait de prétendre dénoncer l’antisémitisme aux côtés de dirigeants politiques qui utilisent constamment la religion comme prétexte à une discrimination honteuse.
Malgré la controverse, la leader d’extrême droite Marine Le Pen a affirmé qu’elle ne serait pas dissuadée de participer. “J’appelle tous nos membres et électeurs à venir rejoindre cette marche,” a-t-elle déclaré mercredi. “Plus il y a de gens, mieux c’est,” ajoutant qu’elle était prête à marcher “à l’arrière” si sa présence posait problème.
Graffiti de l’Étoile de David et Tensions Croissantes
Les tensions à Paris ont monté en flèche à la suite de l’attaque du groupe militant palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, entraînant un mois de bombardements israéliens sur la bande de Gaza. La France a enregistré plus d’un millier d’actes antisémites depuis l’attaque, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Les procureurs de Paris enquêtent sur un incident survenu le 31 octobre, où des bâtiments de la ville et de ses banlieues ont été vandalisés avec des graffitis de l’Étoile de David. Les graffitis, rappelant l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale et la déportation des Juifs vers les camps de la mort, ont été condamnés dans l’ensemble du spectre politique. La Première ministre Borne a promis que ces “actes odieux” ne resteraient pas impunis.
Le procureur public de Paris a souligné la nécessité d’enquêter sur la nature antisémite des intentions des auteurs, compte tenu du contexte géopolitique et de ses répercussions en France.
Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1 400 morts du côté israélien, ont déclenché la guerre la plus meurtrière à Gaza. Selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas dans le territoire assiégé, la campagne militaire israélienne a tué plus de 10 500 personnes, dont de nombreux enfants.