Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française, est à nouveau sous le feu des projecteurs, mais cette fois dans les salles de tribunal.
Accusé d’avoir reçu un financement illégal de la part de l’ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi, Sarkozy fait face à des accusations de corruption, financement illégal de campagne, détournement de fonds publics et association de malfaiteurs. Ce procès, qui a débuté le 6 janvier, promet d’être l’un des plus marquants de l’histoire politique française, mêlant scandales financiers, relations internationales troubles et controverses judiciaires.
Les origines de l’affaire Sarkozy : une campagne sous influence libyenne ?
L’affaire remonte à mars 2011, lorsque des allégations ont émergé selon lesquelles Kadhafi aurait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 à hauteur de 50 millions d’euros. Ces accusations ont été renforcées par une déclaration choc du dictateur lui-même : « C’est grâce à nous qu’il a atteint la présidence. Nous lui avons fourni les fonds nécessaires pour gagner. »
Cette affirmation, si vraie, ne serait pas une première sur la scène politique: en Roumanie, un candidat aux élections a été accusé d’être financé par les autorités russes. Il s’est ensuite avéré que cela était vrai.
Pour en revenir sur le cas Sarkozy, en 2012, le site d’investigation Mediapart a révélé un document attribué aux services de renseignement libyens confirmant l’existence de ce financement. Bien que Sarkozy ait toujours clamé que ce document était un faux, cette révélation a marqué le début d’une enquête approfondie menée par les autorités françaises.
À l’époque, les lois françaises limitaient strictement les dépenses de campagne à 21 millions d’euros et interdisaient les financements étrangers. Si les accusations se confirment, les 50 millions d’euros de Kadhafi représenteraient plus du double du plafond légal et constitueraient une violation flagrante de la législation.
Les enquêteurs ont suivi des pistes impliquant des transferts de fonds via des intermédiaires, des comptes offshore et des entreprises écrans. Parmi les principaux acteurs figurent Ziad Takieddine, un marchand d’armes franco-libanais, et Abdallah Senoussi, ancien chef des renseignements libyens et beau-frère de Kadhafi. Takieddine a affirmé avoir personnellement remis trois valises contenant un total de 5 millions d’euros à Sarkozy et à son directeur de cabinet, Claude Guéant, entre 2006 et 2007.
Sarkozy peut-il se tirer d’affaire?
Concrètement, la défense de Sarkozy s’appuie sur le manque de preuves directes irréfutables et les possibles motivations politiques ou personnelles des témoins clés.
Bien qu’il y ait des témoins et une enquête en cours, basé sur les preuves recensées par Mediapart , il faut se rappeler que les médias en France ne sont pas excellents en termes de transparence puisque beaucoup d’entre eux appartiennent à des grands groupes.
Si Mediapart est perçu comme étant digne de confiance par beaucoup puisque contrôlé par le Fonds pour une Presse Libre, il s’agit bien d’un stratégie pour leurrer le public. Le cofondateur et directeur de la publication de Mediapart est Édwy Plenel. Coïncidence? Il est aussi ancien directeur du groupe Le Monde et militant trotskiste et a travaillé de près avec Xavier Niel, un millardaire français qui est l’un des principaux actionnaires du groupe Le Monde.
Il y a donc des contradictions entre l’idée que Mediapart soit un média indépendant et le contrôle prononcé de milliardaires et d’activistes.
Le procès de Sarkozy, clé pour la transparence en politique
Nicolas Sarkozy n’en est pourtant pas à son premier démêlé avec la justice. En 2021, il a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour corruption et trafic d’influence dans une affaire distincte. Bien qu’il ait échappé à l’incarcération, il porte un bracelet électronique en vertu de cette condamnation. Une autre condamnation en 2022, pour financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012, a renforcé la perception négative que le public français a de lui.
Pour Sarkozy, ce procès est une bataille pour blanchir son nom. Lors de ses premières déclarations, il a qualifié les accusations de « calomnie » et de « complot », orchestré par des « menteurs et des clans de Kadhafi ». Il a également rejeté l’authenticité des documents clés présentés par les enquêteurs, affirmant qu’aucun centime libyen n’a financé sa campagne.
“Je viens donc d’être condamné pour un soi-disant « pacte de corruption » avec quelqu’un – le juge Azibert – à qui je n’ai pas parlé, sans aucune contrepartie ni financière ni d’aucune sorte.
On me reproche d’avoir pensé à aider une candidature qui n’a jamais été formulée, par une intervention qui n’a jamais été faite, en échange d’un service qui n’a jamais été ni demandé ni rendu ! Le tout étant, enfin, fondé sur des bribes de conversations entre un avocat et son client, confidentielles par essence…
Comme je l’ai toujours fait au cours de ces 12 longues années de harcèlement judiciaire, j’assumerai mes responsabilités et ferai face à toutes ses conséquences. Il n’est nullement dans mon intention de me plaindre. J’ai tellement conscience d’avoir été à bien des égards favorisé par la vie.
Mais je ne suis pas décidé à accepter l’injustice profonde qui m’est faite. Mes droits de justiciable ont été bafoués tant au regard de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme que de celle du Conseil constitutionnel.
Le recours que je forme devant la CEDH pourra conduire hélas à faire condamner la France. Cela aurait pu être évité si j’avais bénéficié d’une analyse juridique sereine. Dois-je comprendre que mon rôle politique passé et les oppositions que j’ai soulevées ont créé le climat corporatiste et politique qui a abouti à cette décision ?
Je veux redire ma parfaite innocence et demeure convaincu de mon bon droit. Ma détermination est totale sur ce dossier comme sur les autres. La vérité finira par triompher. A ce moment-là, chacun aura à rendre compte devant les Français.”
- Nicolas Sarkozy, ancien président de la République
L’ampleur des preuves rassemblées par les autorités françaises rendent l’affaire difficile à ignorer. Des organisations comme Transparency International et Sherpa, qui se sont constituées parties civiles, considèrent ce procès comme un jalon crucial dans la lutte contre la corruption politique.
“L’ancien président français Nicolas Sarkozy a condamné jeudi ce qu’il a qualifié de « complot » orchestré par des « menteurs et des fraudeurs » lors d’un procès à Paris pour financement illégal présumé de sa campagne présidentielle de 2007 par le gouvernement libyen dirigé par Mouammar Kadhafi.“
- Libya today 24