Célestin est un artiste dont la voix intemporelle nous berce entre rêves et folies de la vie.
Aussi dure que douce, l’expérience humaine se déploie et révèle au fur et à mesure de son spectacle. Un moment d’intimité doté d’une formule originale, puisque scénarisé sans électricité, sa performance nous emporte à la découverte et au questionnement de soi et de notre environnement, essayant de “transformer le laid en beau, le triste en drôle et la colère en engagement”.
On aimerait revenir sur ton parcours, comment as-tu ressenti l’appel de la musique, puisque ce n’était pas ton premier choix de carrière ?
La musique est venue à moi, de façon très naturelle car mon père était batteur professionnel.Très jeune j’entendais donc tous les jours du rythme à la maison et j’ai côtoyé beaucoup de musicien.ne.s au quotidien.
Ce n’est que vers mes 14 / 15 ans, quand mon parcours scolaire est devenu particulièrement chaotique, que j’ai vu dans la musique un moyen d’échapper au système et dont je ne voulais pas. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’en faire mon métier. J’ai pris des cours de batterie, de percussions classiques, de piano, de guitare et j’ai commencé à jouer dans des groupes.
Entre le moment de pure passion et la présentation de ton travail au grand public, as-tu traversé des périodes de doutes vis-à-vis de cette profession?
Artistiquement, si je devais définir une période de doute, je dirais qu’elle a commencé quand j’ai pris ma première paire de baguettes et je dois bien avouer qu’elle dure encore aujourd’hui!
Je pense que le doute est un vrai moteur pour avancer et se réinventer.
Quand on arrête de se remettre en question, on commence à tourner en rond!
Professionnellement en revanche, n’ayant aucun diplôme et donc aucun « plan B », je n’ai jamais vraiment douté que je pourrais vivre de la musique , car je n’avais pas vraiment le choix!
Qui ou quels ont été les éléments clés de ta vie artistique, qui t’ont soutenu et aidé à en faire une carrière?
Le réseau professionnel de mon père a été mon premier tremplin.
Puis il y a eu une série d’événements clés qui m’ont aidé tout au long de ma carrière comme certains concerts ou festivals (La Cigale, Le Bataclan, Just For Laugh Festival etc), certaines grosses TV (Vivement dimanche, Quotidien, Le Plus Grand Cabaret du Monde etc…)
Aussi et surtout, il y a eu un travail passionné et acharné entre tous ces événements!
Ton univers musical regorge à la fois d’humour, déclare des vérités qui dérangent mais avec beaucoup d’espoir. Est-ce une manière de guérir les maux du monde?
Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un moyen de guérir les maux du monde, mais cet univers que je crée a un pouvoir cathartique très fort. J’essaie, au travers du regard artistique, de transformer le laid en beau, le triste en drôle et la colère en engagement.
C‘est également un formidable moyen de partage de mes idées avec mes semblables. Je conçois mes concerts et mes tournées plus comme un échange avec le public qu’une tribune où je viens imposer une vision du monde.
On dit depuis la nuit des temps que l’artiste est un messager des Dieux, te sens-tu investi d’un destin particulier à travers ton art?
Je pense que les artistes, au sens large, ont cette utilité d’être une sorte de miroir de la société. Je n’ai pas le sentiment de responsabilité d’être un messager, mais il me semble que nous avons un rôle à jouer, en qualité de « dé-formatage » des cerveaux… C’est particulièrement important dans cette période!
Je pense que dans une démocratie, l’art ne peut pas être « non-essentiel » !
Comment en es-tu arrivé à créer ton nouveau spectacle?
Comme je l’ai dit, c’est d’abord énormément de travail personnel. Et puis je fais énormément de concerts et le public, en quelque sorte, est mon premier metteur en scène! Je note tout ce qu’on me dit et même si j’ai une totale liberté artistique dans ce projet, je m’en nourris pour avancer et faire évoluer mon univers.
Ton engagement envers l’écologie se ressent fortement, est-ce que cela t’as poussé à devenir membre de certaines associations ou ONG environnementales?
Oui tout à fait, je me suis rapproché de différents groupes qui s’engagent pour notre avenir, comme Extinction Rébellion par exemple. Je suis aussi un des parrains de l’association BLOOM qui lutte contre la destruction de l’océan et du climat.
L’originalité de ton spectacle se base d’ailleurs sur une mise en scène sans utilisation d’électricité. Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à imaginer cette scénographie?
Après une tournée plutôt « électro », j’ai eu envie d’une sorte de retour à l’essentiel, en me débarrassant des boucles et des effets que j’utilisais sur scène. Ça m’a permis de me recentrer sur le message de mes chansons et leur interprétation. Dans cette même démarche j’ai commencé à proposer de faire des concerts en acoustique, sans micro et sans sonorisation. Il ne manquait plus qu’à m’éclairer à la bougie pour trouver un concept totalement en harmonie avec les textes de mes chansons.
Ton album “ Deuxième acte “, te fait jouer à la Divine Comédie depuis plusieurs mois, et te permet surtout de traverser la France. T’attendais-tu à autant de succès?
En plus d’être auteur, compositeur et interprète, je suis aussi producteur de mes spectacles. J’ai donc cherché une salle à Paris pendant plusieurs mois qui accepte l’idée un peu dingue de faire un concert sans électricité ! (j’ai été étonné de voir qu’il n’y avait aucun autre spectacle parisien qui proposait ça!)
Bien sûr, au début je doutais de pouvoir remplir cette salle toutes les semaines, mais le public a été de plus en plus nombreux à venir ! La salle s’est remplie petit à petit et j’ai même ouvert des prolongations jusqu’en avril!
On m’a également proposé de jouer ce show dans différentes villes en France.
J’ai récemment eu l’idée de faire toute une tournée sans électricité (à vélo!) En allant directement chez les gens (dans leur salon ou leur jardin) et j’ai reçu tellement d’invitations que je vais tourner ainsi une bonne partie de l’été !
Auras-tu des invités, ou collaborations particulières au cours des prochaines dates de ta tournée?
Même si je tourne principalement seul, j’ai aussi tout un collectif de musicien.ne.s qui me suivent et me soutiennent. Il compte, entre autres dans ses rangs, Julien Lacharme (guitariste d’Alpha Blondy), Guillaume Farley (Bassiste de Jacques Higelin et Christophe Maé) et Eric Pro (saxophoniste de Wynton Marsalis).
Quels conseils pourrais-tu donner à nos lecteurs pour qu’ils ne cessent jamais de rêver comme toi?
L’important selon moi n’est pas juste de rêver, c’est de croire en ses rêves et d’avoir confiance dans sa capacité de les réaliser. C’est à ce moment-là que tout devient possible ! Les doutes font partie du jeu, c’est important de les entendre mais aussi de ne pas trop les écouter !
Ensuite, le secret c’est de durer !