À l’ère des réseaux sociaux et du partage en un clic, l’accès à l’information évolue rapidement. Les supports médiatiques et de communication se multiplient, les sources et auteurs sont parfois imprécis. Démêler le vrai du faux devient un défi quotidien. Comment s’y retrouver ?
Valériane Gouban, chargée de production éditoriale au pôle studio du CLEMI (conception des ressources pédagogiques), nous apporte son expertise sur la question.
L’éducation aux médias (EMI), un levier contre la désinformation
Le CLEMI (Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information) est une administration gouvernementale qui éduque aux médias. De nombreuses ressources sont mises à disposition sur leurs canaux de diffusion. L’objectif est de fournir des outils pour s’armer face à la surabondance d’informations.
L’esprit critique se développe « en comprenant les bases et la construction de l’information », précise Gouban. Il faut être capable de distinguer information, opinion et divertissement. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes réagissent au travers de vidéos ou de commentaires pour partager leurs émotions, leurs avis sur divers sujets.
La frontière entre l’informatif et le subjectif peut s’amincir. Rappelons qu’une information se définit par des critères précis. D’après le CLEMI (Qu’est-ce qu’une info), il s’agit d’un « fait vérifié qui intéresse un grand nombre de personnes ».
Comment vérifier une information ?
Adopter les bons gestes au quotidien permet d’améliorer sa pratique du numérique et de se repérer dans les flux continuels qui circulent. Avant de relayer une publication, il est essentiel de prendre un temps de recul et de vérifier certains éléments clés, comme le recommande le CLEMI :
- Faire preuve d’esprit critique : se méfier des publications non identifiables directement, des gros titres ou des images virales.
- Vérifier la source : identifier l’auteur de la publication. Qui émet l’information et pourquoi ? A-t-il un intérêt professionnel, commercial, humoristique ?
- Croiser les sources d’informations : peut-on trouver la même information sur une autre source fiable ?
Ces conseils s’appliquent à tous types de publication : vidéo, image ou texte. L’émergence des deepfakes et des images génératives invite à une prudence supplémentaire. Gouban précise que : « tout contenu n’est pas généré dans le but de propager de fausses informations. Il faut toujours chercher l’intention derrière une image, une vidéo ou une information et croiser les sources. »
À titre d’exemple : en 2020, des images frappantes montrant les canaux de Venise gelés ont circulé sur les réseaux sociaux. Ces photos ont été largement partagées, prises pour un fait avéré. Il s’agissait en réalité d’un photomontage artistique de Robert Jahns (Nois7) combinant des éléments de Venise avec des images du lac Baïkal en Russie.
La pratique médiatique des jeunes
D’après une étude réalisée par Médiamétrie en 2017, sous la commande du ministère de la Culture, à propos des pratiques informationnelles des jeunes : « 93 % déclarent s’intéresser à l’information, selon une intensité plus ou moins élevée. »
Gouban affirme que les jeunes s’informent de multiples façons : télévision, réseaux sociaux. L’une des principales sources d’information reste l’entourage proche. Leur pratique des médias est parfois diabolisée. Il est vrai que l’on peut croiser des informations non identifiées sur les réseaux sociaux, mais il existe aussi des médias qui proposent un travail de qualité, tels que Brut ou Hugo Décrypte. Dans cette optique, les formateurs du CLEMI apprennent aux élèves à construire leur propre paysage médiatique en étant capables d’identifier des sources fiables.
La multiplicité des médias et leur présence croissante dans le quotidien des jeunes ne sont pas nécessairement un désavantage, selon Gouban : « on peut en tirer du positif ». Par ailleurs, les personnes âgées sont davantage perméables aux fausses informations. « Les boucles de mails » comportant des vidéos, images ou sujets de société à titre humoristique, de désinformation voire de manipulation, ciblent ce public désarmé. Les personnes âgées ne possèdent pas nécessairement les bons réflexes, contrairement aux jeunes, habitués à faire preuve d’esprit critique.
Une éducation pour tous
Si les médias d’information se développent rapidement, les fondamentaux ne changeront pas. L’information aura toujours une source à son origine. L’EMI est majoritairement enseignée dans les établissements scolaires ou au travers d’associations. Le défi est de généraliser cet enseignement pour sensibiliser et fournir des outils à chacun afin de se repérer parmi les divers flux informationnels.