La dette pourrait causer notre perte. Le Conseil européen a annoncé ce vendredi 26 juillet qu’il lançait formellement des procédures visant à imposer des réductions des dépenses et de la dette contre sept États membres : l’Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, Malte, et la France. La Roumanie subit cette procédure depuis 2019 et n’est pas prête de s’en dépêtrer. Cette décision met en lumière les inquiétudes omniprésentes quant à la mauvaise gestion des finances publiques, en particulier en France.
Un rapport sur la dette qui inquiète
Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes, a souligné dans un rapport présenté lundi dernier que la réduction de la dette publique est une “ardente obligation” pour la France. Dans une interview accordée aux Échos, il a déclaré que la nécessité de réduire la dette est un “impératif” partagé par toutes les forces politiques. “Réduire notre dette est une ardente obligation. Ce n’est ni de gauche ni de droite : c’est d’intérêt général”, a-t-il martelé, insistant sur l’importance de cette mesure pour la stabilité économique du pays.
La France, comme les autres pays visés, a dépassé en 2023 la limite de déficits publics fixée à 3% du produit intérieur brut (PIB) par le Pacte de stabilité et de croissance de l’UE. Ce pacte impose également une limite de la dette publique à 60% du PIB, des seuils que la France n’a pas respectés, avec une dette atteignant 110,6% du PIB, soit plus de 3 101 milliards d’euros. Le gouvernement français devra présenter un plan détaillé de réduction du déficit pour éviter des sanctions, tout en s’efforçant de maintenir la croissance économique et les investissements publics.
Pour information, le Pacte de stabilité et de croissance est un accord entre les membres de l’Union européenne visant à garantir la discipline budgétaire et la stabilité économique au sein de la zone euro. Il impose aux États membres de maintenir leur déficit public en dessous de 3% du PIB et leur dette publique en dessous de 60% du PIB. Les États qui ne respectent pas ces critères doivent prendre des mesures correctrices pour se conformer aux règles, sous peine de sanctions financières potentielles.
Les mesures visant à limiter les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 ont particulièrement coûté cher aux États membres. En France, les dispositifs tels que l’activité partielle, l’indemnisation des entreprises et le soutien au personnel soignant ont contribué à alourdir le fardeau de la dette publique. Bien que le ratio dette publique/PIB ait légèrement diminué à partir de 2021, il reste largement supérieur aux niveaux de 2019.
Pourquoi est-ce qu’on se penche sur la dette en France?
Les six pays de l’UE avec une dette publique supérieure à 90% du PIB, dont la France, devront faire face à des défis significatifs pour revenir aux normes établies par le Pacte de stabilité et de croissance. Avec un ratio atteignant 161,9%, la Grèce détient le plus fort taux d’endettement de l’UE, suivie de l’Italie (137,3%), de l’Espagne (107,7%) et de la Belgique (105,2%).
En France, le gouvernement doit s’attaquer à un déficit primaire se situant aujourd’hui autour de 2,70%, alors que le niveau minimal d’excédent primaire nécessaire pour rendre la dette publique soutenable est de 0,33% du PIB. Ce chiffre est calculé en prenant en compte la dette en pourcentage du PIB, le taux d’intérêt réel à long terme, et le taux de croissance potentiel de l’économie. Cependant, les perspectives de croissance incertaines et les possibles hausses des taux d’intérêt augmentent encore la difficulté de cet objectif.
La situation budgétaire actuelle de la France, combinée à l’instabilité politique et aux dépenses publiques élevées, laisse présager des défis budgétaires significatifs pour les années à venir. Les dérives budgétaires potentielles pourraient alourdir davantage le déficit budgétaire et le déficit primaire, rendant encore plus ardu l’atteinte d’une situation budgétaire soutenable.
La mauvaise gestion des finances publiques en France représente un risque majeur pour sa stabilité économique, nécessitant des réformes urgentes et une gestion budgétaire rigoureuse pour éviter une crise de la dette.
Ces personnalités politiques qui aggravent la dette de la France
Les hommes politiques qui nous endettent le font souvent à travers des politiques de dépenses publiques excessives et des promesses électorales coûteuses, qui se traduisent par des lois et des budgets augmentant considérablement la dette nationale.
Par exemple, en France, les gouvernements successifs ont introduit des réformes coûteuses telles que la réduction de l’âge de la retraite ou des baisses d’impôts sans compensation budgétaire adéquate.
La loi de finances pour 2020, sous le gouvernement d’Emmanuel Macron, a inclus des mesures fiscales telles que la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, ce qui a coûté environ 18 milliards d’euros par an.
Les campagnes électorales, notamment suite à la dissolution de l’Assemblee nationale de cette année, sont souvent marquées par des promesses de hausse des dépenses sociales, comme l’augmentation du SMIC ou des aides sociales, qui, une fois mises en œuvre, pèsent lourdement sur les finances publiques.
Sous la présidence de François Hollande, la mise en place des contrats aidés a entraîné une dépense publique supplémentaire de plusieurs milliards d’euros. Ces décisions, bien qu’elles visent souvent à soutenir l’économie ou à répondre à des demandes sociales, sont financées par l’emprunt, augmentant ainsi la dette publique de manière significative. Ces politiques, sans réformes structurelles parallèles pour améliorer les recettes ou réduire d’autres dépenses, conduisent à un endettement croissant, compromettant la stabilité financière à long terme du pays.