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Dette africaine : quand le privé prend le dessus

Aicha FallPar Aicha Fallmardi, 20 maiMise à jour:mardi, 20 maiAucun commentaire8 Min Temps de lecture
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L'économiste Magaye Gaye nous éclaire au sujet de la dette africaine.
L'économiste Magaye Gaye nous éclaire au sujet de la dette africaine.
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Avec une dette publique moyenne atteignant 59,7 % du PIB en Afrique subsaharienne et 22 pays en situation de surendettement ou de défaut, le continent est confronté à des défis économiques majeurs.

La réduction de l’aide publique au développement et la recherche de financements flexibles ont conduit de nombreux États à se tourner vers les créanciers privés, qui représentent désormais 42 % de la dette extérieure publique.

Avec des taux d’intérêt élevés et un risque accru de surendettement, cette transition n’est pas sans danger.

Dans cet entretien pour Le Parisien Matin, Magaye Gaye, économiste, ancien cadre de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE), analyse les origines, les implications et les solutions pour gérer cette dépendance croissante aux financements privés.

Quel est l’état actuel de la dette africaine ?

À la fin de 2021, les créanciers privés détenaient 216 milliards de dollars de créances sur les pays d’Afrique subsaharienne, dont 67 % en obligations et 33 % en crédits bancaires (Ecofin, 2023). Pouvez-vous faire un état des lieux actuel de la dette africaine ?

En 2024, la dette des pays d’Afrique subsaharienne reste un défi majeur. Son augmentation constante a été accentuée par des crises comme la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine et les perturbations climatiques. La dette publique moyenne représente actuellement 59,7 % du PIB de la région. Les projections indiquent toutefois une légère baisse, à 59,3 % en 2025, grâce aux efforts d’assainissement budgétaire menés par plusieurs pays.

Cette moyenne masque une situation plus critique pour certains États. Vingt-deux pays de la région sont à haut risque de surendettement ou se trouvent déjà en situation de défaut, à l’image du Ghana, de la Zambie, de l’Éthiopie et du Sénégal. Le paysage des créanciers a également évolué : le secteur privé, comprenant des fonds d’investissement et des banques, constitue aujourd’hui le principal détenteur de la dette extérieure publique. En 2022, il représentait 42 % de cette dette, surpassant les institutions multilatérales comme le FMI (38 %) et les créanciers bilatéraux, dont la Chine (20 %).

Cette domination croissante du secteur privé a des conséquences notables sur les économies africaines. Elle limite les investissements publics dans des secteurs essentiels comme les infrastructures, la santé ou l’éducation. Pour garantir leur solvabilité, de nombreux gouvernements réduisent leurs dépenses d’investissement, ce qui compromet leur potentiel de croissance à long terme.

Quelles sont les principales raisons de la transition de la dette publique à la dette privée en Afrique ?

La transition vers une dette davantage détenue par des créanciers privés est le résultat de plusieurs dynamiques économiques, politiques et financières qui se sont développées sur le continent. D’abord, la réduction de l’aide publique au développement (APD) a joué un rôle déterminant. Les bailleurs de fonds traditionnels, tels que les institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale, ainsi que les pays donateurs, ont réduit leurs prêts concessionnels au fil du temps. Cette diminution a contraint les pays africains à se tourner vers les marchés financiers privés pour financer leurs besoins en infrastructures et en développement.

L’attractivité croissante des marchés financiers internationaux a encouragé cette transition. L’émission d’euro-obligations (Eurobonds) par plusieurs pays africains s’est multipliée, offrant une opportunité de mobiliser d’importants capitaux.

Ces titres séduisent les investisseurs privés grâce à leurs rendements élevés, bien que les risques soient significatifs. Par ailleurs, les taux d’intérêt historiquement bas sur les marchés internationaux après la crise financière de 2008 ont incité les investisseurs à rechercher des opportunités plus lucratives, notamment en Afrique.

Dans le même temps, les gouvernements africains ont cherché à diversifier leurs sources de financement. Cette diversification vise à réduire leur dépendance vis-à-vis des institutions multilatérales, souvent perçues comme imposant des conditions strictes à leurs prêts. Les financements privés offrent plus de flexibilité, mais à un coût généralement plus élevé.

Par ailleurs, l’augmentation des besoins en infrastructures a considérablement alimenté cette transition. La construction de routes, de réseaux énergétiques ou encore de télécommunications représente une priorité pour de nombreux pays, mais les créanciers publics ne peuvent répondre à ces besoins croissants. Cela a conduit à un recours accru aux financements privés.

S’ajoute à cela l’émergence de nouveaux créanciers privés, souvent issus de pays émergents comme la Chine ou l’Inde. Ces institutions financières et banques privées offrent des prêts avec des conditions parfois moins restrictives que celles des institutions multilatérales. De plus, les réformes économiques mises en œuvre dans les années 1980 et 1990, dans le cadre des programmes d’ajustement structurel, ont favorisé la libéralisation des marchés financiers, ouvrant ainsi la voie à une participation accrue des investisseurs privés.

La fragilité des finances publiques a également accéléré cette transition. Après les initiatives d’annulation de la dette, comme l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), de nombreux pays africains ont accumulé de nouvelles dettes. Leurs finances publiques ne permettent plus toujours de lever des fonds auprès des bailleurs publics, les contraignant à solliciter le secteur privé. Pour certains pays, la difficulté à rembourser leurs engagements envers des créanciers publics a fait des financements privés une solution perçue comme rapide, évitant des sanctions ou des pressions diplomatiques.

Les risques liés à cette transition

Quels sont les risques associés à cette transition pour les économies africaines ?

Le recours croissant à la dette privée expose les économies africaines à de nombreux risques. Tout d’abord, le coût de cette dette est significativement plus élevé. Les taux d’intérêt pratiqués par les créanciers privés dépassent largement ceux des prêts publics ou concessionnels. De plus, les obligations souveraines, qui constituent une forme majeure de dette privée, sont souvent émises en devises étrangères, telles que le dollar ou l’euro. Cela accroît les risques liés aux fluctuations des taux de change.

Par ailleurs, cette dépendance aux financements privés rend les pays particulièrement vulnérables aux fluctuations des marchés financiers internationaux. Une hausse des taux d’intérêt mondiaux, une dégradation de la notation de crédit ou une instabilité politique peuvent réduire drastiquement l’accès aux financements ou entraîner une crise de liquidité. Ces facteurs augmentent les risques de surendettement, d’autant plus que les négociations de dette privée manquent souvent de transparence, favorisant une accumulation incontrôlée des engagements.

La dette privée restreint la flexibilité budgétaire des gouvernements. Les échéances de remboursement sont rigides, ce qui limite les marges de manœuvre pour investir dans des secteurs prioritaires comme la santé ou l’éducation. Les clauses contractuelles de ces emprunts sont souvent peu avantageuses, incluant des pénalités importantes en cas de retard.

Ce modèle de financement exacerbe les inégalités. Les créanciers privés privilégient généralement les projets à forte rentabilité à court terme, comme ceux liés aux ressources naturelles, au détriment d’investissements sociaux essentiels. Par conséquent, cette situation peut aggraver les disparités économiques et limiter le développement inclusif.

Enfin, cette transition accentue l’exposition des économies africaines aux chocs économiques externes. Une forte dépendance à la dette privée les rend plus sensibles aux crises mondiales, qu’il s’agisse de la volatilité des prix des matières premières ou des ralentissements économiques des grandes puissances. Dans ce contexte, la capacité institutionnelle limitée de certains pays complique encore la gestion de ces engagements, augmentant les risques de litiges ou de mauvaise gestion.

Comment les gouvernements africains peuvent-ils atténuer les effets négatifs de cette transition ?

Pour limiter les impacts négatifs de la transition vers la dette privée, plusieurs mesures peuvent être envisagées. Tout d’abord, il est crucial de renforcer la gouvernance de la dette. Cela implique d’améliorer la transparence et la responsabilité dans la gestion des emprunts pour garantir une meilleure traçabilité des fonds et éviter les dérives.

Diversifier les sources de financement est une excellente stratégie. Les pays doivent s’efforcer de ne pas dépendre exclusivement des créanciers privés et explorer d’autres solutions, comme les partenariats public-privé (PPP) ou les financements locaux. En parallèle, le renforcement des capacités institutionnelles est fondamental. Former les responsables à négocier des accords plus favorables et à gérer les risques liés aux financements privés peut permettre de mieux maîtriser les engagements.

Enfin, il est indispensable de promouvoir des stratégies de croissance durable. Cela passe par la réduction progressive de la dépendance aux financements externes sur le long terme et par la mise en place de politiques économiques qui favorisent l’autonomie financière des États. Bien que la dette privée puisse représenter une source précieuse de financement, une gestion non maîtrisée peut accentuer la vulnérabilité économique et sociale des pays concernés.

Quels rôles peuvent jouer les institutions financières internationales pour aider les pays africains à gérer cette nouvelle réalité ?

Les institutions financières internationales (IFI) peuvent jouer un rôle clé dans la transition de la dette publique vers la dette privée en Afrique en agissant à la fois comme catalyseurs, facilitateurs et garants. Elles peuvent contribuer au renforcement des capacités institutionnelles et de la gouvernance en offrant des formations et une assistance technique aux gouvernements. Cela permettrait de développer des cadres réglementaires solides pour attirer les investisseurs privés et garantir une meilleure gestion des financements.

Les IFI peuvent soutenir le développement et le renforcement des agences de gestion de la dette en leur fournissant des outils adaptés pour améliorer la transparence et l’efficacité de leurs pratiques.

Ils peuvent également jouer un rôle décisif dans l’accompagnement des gouvernements pour identifier et sélectionner des projets “bancables”, c’est-à-dire des initiatives suffisamment attractives et viables pour mobiliser des investissements privés et favoriser le développement des partenariats public-privé (PPP). En apportant leur expertise, elles permettent de maximiser les opportunités offertes par ces financements tout en limitant les risques associés.

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