Une journée de manifestations massives baptisée « No Kings Day » a eu lieu en octobre et a réuni près de 7 millions de personnes dans plus de 2 000 villes à travers les États-Unis.
L’objectif était de préparer une grande mobilisation non violente à Washington le 5 novembre, date anniversaire de l’élection de Donald Trump, pour exiger sa destitution et dénoncer ce que les militants décrivent comme « un régime fasciste déjà en place ».
Un sondage Pew Research Center publié en septembre révèle que 62 % des Américains estiment que la démocratie aux États-Unis est « en danger majeur ».
Cela est bien justifié : Donald Trump, déjà inculpé dans plusieurs affaires fédérales, reste candidat déclaré à la présidentielle de 2028.
Un ras-le-bol de l’homme orange
Un sondage de CNBC All-America Economic Survey montre que seuls 42% des Américains interrogés approuvent la gestion économique de Trump.
Sam Goldman, membre du National Leadership Group of Refuse Fascism et animatrice du podcast du même nom confirme un ras-le-bol généralisé.
« Hier, des millions de personnes sont descendues dans la rue pour dire No Kings. Nous avons montré notre nombre, notre puissance (…) À partir du 5 novembre, nous devons occuper Washington de manière non violente jusqu’à ce que le régime fasciste de Trump soit écarté du pouvoir. »
Goldman n’est pas la seule à vouloir la destitution de Trump. Dans un extrait de discours prononcé à New York, Cornel West a livré un message enflammé sur la responsabilité citoyenne face à la montée de l’autoritarisme.
« L’un des grands obstacles de notre temps n’est pas seulement la cupidité prédatrice de Wall Street, ni les nouvelles formes de suprémacisme blanc ou de patriarcat », a-t-il lancé.
« Notre vrai problème, ce sont les spectateurs : ceux qui restent tièdes, qui s’adaptent à l’injustice au lieu d’y résister. L’indifférence est un mal plus insidieux que le mal lui-même. Il faut mettre son corps là où sont ses valeurs. »
Dread Scott : « Il n’y a pas de paix possible avec les fascistes »
L’artiste Dread Scott, connu pour son œuvre provocatrice What Is the Proper Way to Display a U.S. Flag? (1989), a également exprimé son soutien à la mobilisation.
« Trump est un fasciste, et il n’y a pas de compromis possible avec le fascisme. Il ne s’agit pas d’une menace future : il est déjà là. La seule réponse responsable est de rester dans la rue jusqu’à ce que ce régime tombe. »
Dread Scott a aussi mentionné sa participation à « Fall of Freedom », un projet collectif invitant les artistes du pays à s’exprimer contre la dérive autoritaire, les 21 et 22 novembre prochains.
Sansara Taylor : « Il faut transformer la colère en stratégie »
La principale intervention de la soirée était celle de Sansara Taylor, cofondatrice de Refuse Fascism et animatrice de l’émission Revolution—Nothing Less (RNL).
Elle a insisté sur l’urgence d’une mobilisation prolongée et déterminée :
« Hier, nous avons vu la force du peuple : des millions de personnes ont crié leur refus de la haine, des violences contre les femmes, contre les minorités, contre la vérité et la science. Mais un seul jour ne suffit pas. »
Taylor a décrit le mouvement comme « un soulèvement non violent, mais ininterrompu », destiné à créer une crise politique majeure par la pression populaire, jusqu’à rendre la gouvernance de Trump impossible.
« L’histoire a montré que le fascisme, s’il n’est pas stoppé, écrase toute opposition. Il faut l’enrayer avant qu’il ne ferme tous les espaces de résistance. »
Elle a aussi commenté la vidéo générée par IA que Donald Trump aurait diffusée, le représentant comme un roi jetant des excréments sur les manifestants, y voyant « le symbole de son mépris pour le peuple ».
« C’est une image écœurante, mais révélatrice. Il se croit au-dessus de tout, et c’est justement ce que nous refusons. »


