Le Parisien MatinLe Parisien Matin
  • Home
  • Politique
  • Europe
  • Afrique
  • Moyen-Orient
  • Amériques
  • Économie
  • Technologie
  • Société
Facebook Twitter Instagram
Twitter LinkedIn
Le Parisien MatinLe Parisien Matin
mardi, 8 juillet Magazine
  • Home
  • Politique
  • Europe
  • Afrique
  • Moyen-Orient
  • Amériques
  • Économie
  • Technologie
  • Société
Le Parisien MatinLe Parisien Matin
Magazine
Europe

Addictions, honte et silence : un vrai tabou au sein de la communauté portugaise aux États-Unis

Juan JavierPar Juan Javierjeudi, 12 juinMise à jour:jeudi, 12 juinAucun commentaire4 Min Temps de lecture
Partager Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Tumblr Reddit Telegram Email
Les addictions ne discriminent personne, même pas la communauté la plus fière d'Europe et d'Amérique! C'est pour ça que Machado veut en parler.
Les addictions ne discriminent personne, même pas la communauté la plus fière d'Europe et d'Amérique! C'est pour ça que Machado veut en parler.
Partager
Facebook Twitter LinkedIn Pinterest Email

Qui aurait cru qu’un petit groupe de joueurs de cartes portugais pouvait en dire si long sur l’état d’une communauté ?

Derrière les discussions autour d’un café serré, ce ne sont pas que des souvenirs d’enfance ou des recettes de bacalhau qui s’échangent… mais souvent des blessures cachées, des enfants en détresse, des addictions tues et des silences pesants.


C’est justement ce silence que la Fondation Bon Samaritano aux États-Unis, dirigée avec passion par Alcides Machado, veut briser. Et il parle d’expérience : sobre depuis plus de sept ans, il consacre aujourd’hui sa vie à ceux que personne ne veut voir.

La honte d’avoir une addiction

Alcides Machado n’enrobe pas son discours. Pour lui, la toxicomanie n’est pas un sujet glamour, et c’est bien pour cela que peu veulent en parler – surtout dans les communautés immigrées où la honte familiale et le regard des autres peuvent peser très lourd.

« Les gens ne veulent pas en parler, par honte. Ce n’est pas un sujet qu’on aime aborder. Pourtant, ça existe. Ce n’est pas oublié, mais c’est caché sous le tapis. Moi, je suis sobre depuis plus de sept ans. C’est pour ça que j’ai littéralement dédié ma vie à aider ceux qui en ont besoin. »

Sa fondation ne se limite pas aux personnes dépendantes : elle soutient aussi les familles, les enfants, les personnes âgées… toutes celles et ceux qui souffrent autour de l’addiction. C’est là une approche précieuse, souvent négligée par les structures classiques.

« En réalité, ce ne sont pas seulement les personnes dépendantes que nous aidons. Nous aidons les familles qui souffrent. Les personnes âgées qui sont abusées. Les enfants qui vivent dans des foyers marqués par l’addiction. »

Autre souci : faire comprendre l’importance d’une aide culturellement adaptée. Beaucoup de personnes d’origine portugaise n’osent pas franchir les portes des structures classiques, de peur d’être jugées ou reconnues.

La Fondation propose des groupes de parole en portugais, du soutien personnalisé, des visites à domicile, et même des appels téléphoniques aux personnes âgées isolées.

« Il y a quelque chose de très important dans le fait d’être écouté dans sa langue, par quelqu’un qui comprend votre culture. Les gens s’ouvrent plus facilement, ils se sentent en sécurité. Je suis tenu par la confidentialité, mais je sais aussi ce que ça veut dire, dans notre culture, de garder le silence. »

« Pas dans notre communauté » : l’orgueil culturel face aux sans-abri portugais

Au fil de la conversation, une réalité glaçante émerge : celle du refus collectif de voir la misère dans sa propre communauté. Dans les rues de San Jose, Turlock, Manteca ou Los Banos, ce sont des dizaines de personnes d’origine portugaise qui errent sans toit.

Cela semble presque inimaginable pour certains membres de la communauté. L’invisibilisation, nourrie par un sentiment de fierté culturelle exacerbé, devient un obstacle à la compassion.

« Quand je parle de sans-abri portugais, on me répond : “Tu es sérieux ? On a des sans-abri portugais ?” Et je leur dis : “Dans quelle bulle vivez-vous ?” », raconte Machado avec lassitude.

Le déni collectif s’exprime dans un mécanisme bien connu : ce que l’on ne veut pas voir n’existe pas. Cette négation de la souffrance, de l’addiction et de la pauvreté au sein même du groupe ethnique montre une peur identitaire — celle de tacher une image de réussite communautaire idéalisée.

Ainsi, le slogan « Proud to be Portuguese » devient paradoxalement un voile sur la misère plutôt qu’un appel à la solidarité.

Mais Machado refuse de céder à cette logique d’exclusion silencieuse :

« Soyons fiers, oui, mais soyons fiers en aidant ceux qui sont dans le besoin. C’est quand quelqu’un est à terre qu’on voit qui est vraiment là pour lui tendre la main. »

La véritable fierté ne réside pas dans la dissimulation des blessures, mais dans la capacité d’une communauté à panser ses plaies ensemble.

Seuls ceux qui « réussissent » mériteraient l’écoute et le soutien dans certains discours. À l’inverse, les personnes marquées par l’addiction, le sans-abrisme ou les troubles mentaux seraient ostracisées, ravalées au rang de « problèmes » plutôt que de personnes.

Un tel aveuglement collectif ne fait que creuser les fractures sociales. Machado le martèle :

« On fait tout à l’envers. Quand quelqu’un est bien habillé, bien propre, tout va bien. Mais quand il est à terre, on veut l’écraser encore plus. »

addiction alcoolisme pauvreté portugais
Partager. Facebook Twitter Pinterest LinkedIn Tumblr Email
Previous ArticleCarol-Ann Apilado retisse les fils de son héritage grâce à la technologie
Next Article Le grand saccage des abysses – La technologie peut-elle sauver la mer?

Related Posts

Europe

Washington freine l’envoi d’armes à l’Ukraine

jeudi, 03 juillet
Europe

Treblinka : Retrouver les noms, retrouver l’humanité perdue

mardi, 01 juillet
Europe

Des chasseurs d’espèces envahissantes sauvent nos côtes, smartphone en main

jeudi, 19 juin
Add A Comment

Leave A Reply Cancel Reply

Abonnez-vous à notre Bulletin

Directement dans votre boîte de réception ! Apprenez-en davantage dans notre politique de confidentialité

Vérifiez votre boîte de réception ou votre dossier spam pour confirmer votre abonnement.

À propos

Le Parisien Matin est une plateforme de contenu collaboratif, dédiée à fournir des perspectives variées sur des sujets d’actualité, de politique et de société. Nous travaillons avec un réseau de prestataires indépendants, spécialisés dans la rédaction, l’analyse, et les interviews.

Le Parisien Matin logo variation

Twitter LinkedIn
  • Code d’éthique et de Conduite
  • Réclamations & Corrections
  • Politique de Confidentialité
  • Termes et Conditions
  • Politique Cookies
  • Nous Contacter
© 2025 Tous droits réservés Le Parisien Matin.

Tapez ci-dessus et appuyez sur Entrée pour rechercher. Appuyez sur Echap pour annuler.