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Moyen-Orient

L’ultime acte d’Erdoğan ? Mettre l’opposition sous verrou.

Suzanne LatrePar Suzanne Latrelundi, 09 juinMise à jour:lundi, 09 juinAucun commentaire6 Min Temps de lecture
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Pour Ahmet İnsel, le vote turque a ébranlé Erdoğan, qui est maintenant coincé entre son jeu d'acteur et le mécontentement grandissant de son pays.
Pour Ahmet İnsel, le vote turque a ébranlé Erdoğan, qui est maintenant coincé entre son jeu d'acteur et le mécontentement grandissant de son pays.
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En Turquie, les urnes continuent de parler… mais leur écho se heurte désormais à la froideur des barreaux.

Depuis mars, une vague d’arrestations qui cible des figures de l’opposition – dont le très populaire maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu – a mis fin à l’ambiguïté d’un régime longtemps qualifié d’« autoritarisme électoral ».

Le chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdoğan, aurait-il décidé d’éteindre définitivement les derniers contre-pouvoirs ?
Spoiler : ce n’est pas dans les urnes que ça va se jouer, mais devant les juges.

Pourquoi Erdoğan réagit-il ainsi face à l’opposition?

La Turquie entre-t-elle dans une nouvelle phase politique, où même la façade électorale ne tiendrait plus ? Pour Ahmet İnsel, éditeur, chroniqueur et ancien professeur à l’université Galatasaray, le régime bascule doucement, mais sûrement, de l’autoritarisme compétitif vers une autocratie complète. Et cela ne date pas d’hier.

Le tournant structurel s’est joué dès le référendum de 2017, « accepté à très peu de voix près », qui a instauré un régime présidentiel d’un genre très particulier. « Le président y cumule les fonctions de chef d’État, chef de gouvernement, et chef de parti, tout en contrôlant de fait le législatif et le judiciaire », résume İnsel.

Une fusion des pouvoirs déguisée en démocratie, où même les traditions parlementaires sont vidées de leur sens.

« Le chef de l’État est là comme un chef de parti dans le Parlement en train de parler, ce qui est vraiment une confusion du genre extraordinaire »

Autrement dit, le régime a gardé les apparences du pluralisme, avec des élections à forte participation et un système proportionnel… mais dans un paysage contrôlé à tous les étages : médias, partis, juges, finances, police. Il ne reste alors qu’un seul moment d’imprévisibilité : le vote. Et Erdoğan a appris à en redouter le verdict.

İmamoğlu, une gifle pour Erdoğan

En 2019, la perte d’Istanbul face à Ekrem İmamoğlu avait déjà marqué une gifle cinglante. Ce dernier avait d’ailleurs dû gagner deux fois : la première élection ayant été annulée sous prétexte d’irrégularités, Erdoğan pensait pouvoir renverser la vapeur. Raté : la seconde victoire fut écrasante.

Depuis, la machine judiciaire semble s’être mise en branle pour neutraliser l’adversaire. Prétextes douteux, enquêtes sur son diplôme universitaire ou des insultes supposées à l’encontre d’un juge, les stratégies s’enchaînent pour compromettre l’éligibilité d’un homme que beaucoup voient comme le seul capable de battre Erdoğan en 2028.

« Il a vidé son parti, il n’a plus de contre-pouvoir. Le seul moment de vérité, c’est le vote. Et il devient dangereux pour lui »

Le paradoxe est cruel pour Erdoğan : pour se maintenir, il doit continuer à jouer une pièce démocratique… dont le public commence à huer l’acteur principal. Alors il censure la scène. Quitte à remplacer les urnes par des barreaux.

Une mobilisation sur le fil

Pour Élise Massicard, directrice de recherche au CERI-Sciences Po/CNRS, l’ampleur des mobilisations qui ont suivi l’arrestation d’Ekrem İmamoğlu en mars est une surprise même pour les observateurs aguerris de la scène politique turque :

« On a tous été, je crois, assez étonnés par l’ampleur des immobilisations […]. Elles ont été comparées au mouvement de Gezi en termes d’intensité. »

Les manifestations de 2013 à Istanbul – qui avaient vu des milliers de citoyens occuper le parc Gezi dans une contestation spontanée du pouvoir autoritaire – a été rapidement posé. Mais Massicard nuance :

« Là où Gezi était très spontané, très diversifié, ici on est face à un mouvement beaucoup plus cadré, organisé autour du CHP. »

L’arrestation et l’incarcération d’İmamoğlu – pourtant candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2028 – a choqué au point de lancer une mobilisation très forte. Pendant une dizaine de jours, des rassemblements quotidiens ont été organisés devant la mairie d’Istanbul, avec un immense meeting qui aurait réuni jusqu’à deux millions de personnes.

Ce qui frappe Massicard, c’est la dimension spontanée et transversale de ce soutien :

« Bien sûr, c’est le maire d’Istanbul, mais c’est surtout un symbole de la possibilité d’un changement politique par les urnes. »

İmamoğlu est donc une figure rassembleuse, capable d’attirer au-delà de son électorat traditionnel – une menace sérieuse pour le président Erdoğan.

Une mobilisation plurielle… puis recentrée

Les premiers jours du mouvement ont vu l’adhésion de nombreux syndicats, chambres professionnelles, organisations de gauche, mais aussi d’associations féministes, social-démocrates, et même du parti pro-kurde DEM. Cette coalition hétéroclite a rapidement commencé à se fragmenter. L’arrêt des rassemblements quotidiens par le CHP a marqué un tournant.

« Il y a eu une volonté de limiter la criminalisation »

Ce recentrage stratégique a aussi eu un coût : l’homogénéisation progressive du mouvement. Le retrait de certains groupes – kurdes et LGBTQ+ – et la montée en visibilité de figures nationalistes turques qui viennent redéfinir le socle militant.

La stratégie du CHP : contrôler, élargir, durer

Le CHP a choisi une nouvelle approche : nationaliser la mobilisation. Désormais, un seul rassemblement par semaine est organisé à Istanbul, tandis que des meetings sont lancés dans les provinces chaque samedi.

« C’est un candidat à la présidentielle pour l’ensemble du pays »

Les effets de cette stratégie sont contrastés. À Yozgat, bastion conservateur et rural, l’arrivée du leader du parti en tracteur a marqué. Les paysans ont rejoint le cortège, une image forte : celle d’un CHP renouant symboliquement avec les terres anatoliennes, trop longtemps perçues comme acquises à l’AKP.

En revanche, le rassemblement de Van, en zone kurde, a été un échec cuisant.

Quel avenir pour le mouvement ?

Comment prolonger l’élan de mars alors qu’aucune échéance électorale majeure n’est imminente et que le principal leader est derrière les barreaux ?

« Le CHP a tenté de reprendre la main, mais il prend aussi le risque de perdre des soutiens clés. »

Avec un paysage politique polarisé, des tensions intercommunautaires toujours vives, et une société civile affaiblie par deux décennies de répression, l’avenir de cette mobilisation reste incertain.

Le mouvement né autour d’İmamoğlu semble avoir ouvert une brèche, où peuvent se faufiler les opposants à Erdoğan.

Ahmet İnsel Ekrem İmamoğlu Élise Massicard Erdoğan Turquie
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