Des frappes américaines contre les rebelles Houthis au Yémen ont eu lieu ce weekend. Symbole d’une escalade militaire dans la région de la mer Rouge, qui est une voie maritime très importante pour le commerce mondial.
Alors que les Houthis ont multiplié leurs attaques contre des navires commerciaux depuis novembre 2023, les États-Unis ont riposté avec une série de frappes “décisives et puissantes”, selon le président Donald Trump. Ces frappes sont une concrétisation de l’engagement américain face à ce groupe soutenu par l’Iran.
Les Houthis du Yémen, une force basée sur le harcèlement maritime
Contrairement à l’image stéréotypée de rebelles sous-équipés, les Houthis disposent d’une force militaire considérable.
Avec plus de 200 000 combattants, des chars, des missiles à longue portée et des moyens aériens, ils forment une armée bien équipée, capable de mener des opérations complexes. Depuis leur prise de contrôle d’une large partie du Yémen, ils ont consolidé leur position grâce à un soutien logistique et technique en provenance de l’Iran, leur principal allié.
Ne pouvant intervenir directement dans le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza en raison de leur position géographique, les Houthis ont adopté une stratégie de harcèlement maritime. Ils ciblent des navires qu’ils considèrent comme liés à Israël, mais leurs attaques ne sont pas toujours précises, impactant le commerce international dans son ensemble.
Depuis novembre 2023, ils ont mené des dizaines d’attaques contre des navires commerciaux et militaires dans la mer Rouge et le golfe d’Aden, provoquant le naufrage de deux navires, la saisie d’un troisième et la mort de quatre membres d’équipage.
Une menace pour le commerce maritime
La mer Rouge représente un axe commercial vital, par lequel transite environ 15 % du commerce maritime mondial. Toute perturbation dans cette région entraîne des coûts économiques colossaux. L’exemple du blocage du canal de Suez en 2021, qui a coûté 9 milliards de dollars de pertes par jour, illustre l’impact potentiel de la menace houthie.
Face aux risques, de nombreuses compagnies maritimes ont cessé d’utiliser cette route et contournent l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, allongeant les trajets et augmentant les coûts de transport.
La riposte américaine et les conséquences qu’elle a sur le Yémen
Donald Trump a ordonné des frappes ciblées sur les positions houthies au Yémen. Il dit vouloir utiliser une “force mortelle accablante” jusqu’à ce que les Houthis cessent leurs attaques. D’après Washington, ces frappes ont éliminé plusieurs leaders houthis et visé des infrastructures stratégiques, comme des sites de lancement de missiles.
Les Houthis ont répondu par des menaces d’escalade et ont affirmé qu’ils intensifieraient leurs attaques contre les intérêts américains dans la région. Ils ont déjà revendiqué une attaque contre le groupe aéroporté américain USS Harry S. Truman, bien que les missiles et drones lancés aient été interceptés.
L’Iran, de son côté, continue de nier tout contrôle direct sur les opérations houthies mais met en garde contre toute tentative de les éradiquer militairement. Téhéran accuse les États-Unis de soutenir “le génocide en Palestine” et de s’attaquer au peuple yéménite.
Une crise humanitaire qui s’aggrave au Yémen
Les Nations unies ont appelé à la retenue et rappellent que le Yémen est déjà ravagé par des années de guerre. D’après leurs dernières estimations, les frappes américaines auraient fait plus de 50 morts et une centaine de blessés, dont des civils.
Le Yémen connaît déjà une crise humanitaire majeure avec des millions de personnes en situation de famine et un système de santé dévasté par le conflit.
Et pour les marchés financiers?
Les marchés financiers ont payé le prix fort de cette escalade. Le prix du pétrole a été le premier impacté.
Lundi suivant les frappes, le prix du brut a augmenté de 1 %, atteignant 71,30 dollars le baril pour le Brent et 67,90 dollars pour le WTI. La menace d’une perturbation prolongée du transport maritime dans la mer Rouge risque de donner lieu à une flambée des coûts énergétiques et des biens de consommation.