Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a récemment fait des annonces majeures visant à durcir la politique migratoire en France, reflétant une ligne plus stricte à l’égard des régularisations et des expulsions des personnes en situation irrégulière.
Ces nouvelles mesures, inscrites dans deux circulaires dévoilées lors d’une réunion avec les préfets, sont largement inspirées du modèle italien de la Première ministre Giorgia Meloni et marquent un tournant dans la manière dont le gouvernement français entend gérer la migration.
La Première Circulaire de Retailleau? L’Accélération des Expulsions.
L’une des annonces phares de Retailleau concerne l’augmentation des expulsions de migrants en situation irrégulière. La première circulaire, qualifiée de directive stratégique, vise à encadrer plus étroitement l’action des préfectures en la matière. Le ministre a fixé des objectifs clairs aux préfets des départements, notamment ceux où se concentrent 80 % des mesures d’éloignement. Chaque préfecture devra désormais rendre compte régulièrement de ses actions à travers des tableaux de bord détaillant le nombre d’expulsions effectuées.
Cette approche repose en partie sur la volonté du ministre de tirer parti de la nouvelle loi sur l’immigration, adoptée en janvier 2024, pour lever certaines protections légales qui rendaient jusqu’ici plus difficile l’expulsion de certains groupes de personnes, y compris celles arrivées en France avant l’âge de 13 ans. Retailleau entend ainsi réduire le nombre de migrants bénéficiant de protections particulières, accentuant une politique de répression des situations irrégulières.
Le deuxième volet majeur de cette réforme concerne les régularisations. Retailleau a exprimé son intention de réformer la circulaire dite « Valls » de 2012, qui permettait jusqu’à présent la régularisation de quelque 30 000 personnes par an, souvent en raison de leur situation familiale ou professionnelle. Cette circulaire bénéficiait notamment aux parents d’enfants scolarisés et aux travailleurs sans-papiers occupant des emplois dans des secteurs jugés essentiels.
Retailleau a été clair sur ses intentions de durcir ces critères, ajoutant des conditions plus strictes pour les migrants souhaitant se régulariser. Parmi ces nouvelles exigences, une maîtrise de la langue française et une assimilation des valeurs françaises deviendront des conditions impératives pour tout processus de régularisation. Cette approche vise à rendre la régularisation plus difficile, réduisant ainsi l’immigration légale, qui a vu une augmentation notable des titres de séjour délivrés ces dernières années.
Les politiques de Retailleau s’inspirent en grande partie de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, connue pour ses mesures anti-immigration rigides. En Italie, Meloni a imposé des restrictions sévères aux demandes d’asile et à la régularisation des migrants, tout en augmentant les mesures de surveillance des frontières. Retailleau semble vouloir suivre une voie similaire en France, où le débat sur l’immigration s’intensifie.
Le ministre a exprimé à plusieurs reprises que « les Français veulent un contrôle plus strict de l’immigration », et il est convaincu que ces nouvelles circulaires répondent aux attentes de la population. Ces mesures sont perçues comme une réponse à un sentiment d’insécurité croissant en France, exacerbée par des événements tragiques impliquant des migrants en situation irrégulière, comme l’assassinat du père Olivier Maire en 2021.
Que penser de ce durcissement de la part de Retailleau?
La nouvelle ligne dure de Retailleau n’a pas manqué de susciter des réactions politiques. Si certains voient en ces mesures une nécessaire reprise en main de la politique migratoire, d’autres, notamment à gauche, dénoncent un durcissement disproportionné et une stigmatisation des migrants. Le sénateur Bernard Jomier a notamment critiqué les conditions imposées pour la régularisation, affirmant que « l’assimilation des valeurs françaises est un critère flou qui pourrait conduire à des discriminations ».
De leur côté, les organisations de défense des droits des migrants s’inquiètent de l’impact de ces circulaires sur les familles et les travailleurs sans-papiers, qui pourraient voir leur situation se détériorer. Selon Lana Dugravier, directrice de l’association La Cimade, « ces mesures risquent d’augmenter la précarité des migrants et de pousser encore plus de personnes dans l’irrégularité ».
L’annonce de Retailleau survient lorsque la question migratoire revient sur le tapis en France, à l’approche de la montée des sentiments populistes à travers l’Europe. Le ministre entend réduire l’immigration légale tout en augmentant les expulsions, une stratégie qui pourrait séduire une partie de l’électorat, mais qui risque de provoquer de vifs débats dans les mois à venir.
Il est à noter que ces mesures pourraient également avoir un impact sur les relations internationales de la France, notamment avec les pays d’origine et de transit des migrants. Retailleau a exprimé son intention de renforcer la coopération avec ces pays pour faciliter le renvoi des migrants en situation irrégulière, une tâche qui s’annonce difficile compte tenu des tensions diplomatiques que cela peut générer.