Le sommet du G7 de juin 2025, organisé à Kananaskis au Canada, montre de manière saisissante l’incertitude croissante quant au futur de la diplomatie. Convoqué dans un contexte catastrophique (guerre en Ukraine, attaques israéeliennes et iraniennes), ce sommet, qui devait renforcer la coopération entre les grandes puissances économiques, s’est au contraire soldé par un échec symbolique.
Le G7 2025 : Chacun pour sa pomme!
L’objectif initial du Canada, hôte de cette 51ᵉ édition, était de rassembler les membres du G7 et les pays invités d’Asie afin d’établir un consensus minimal sur la stabilisation du commerce et de l’ordre mondial, tout en répondant aux préoccupations américaines sur la défense et la sécurité.
Dès l’ouverture du sommet, la réalité géopolitique s’est imposée : dans la nuit du 13 juin, Israël a lancé son attaque tant redoutée contre les infrastructures nucléaires et sécuritaires iraniennes. Cet événement a dominé l’agenda et précipité le départ brutal du président américain Donald Trump dès le premier soir.

Trump, le chef de la bande qui embête tout le monde
Les rencontres bilatérales attendues entre Trump et le Premier ministre indien Modi ou le Premier ministre australien Albanese n’ont jamais eu lieu. Trump, satisfait d’avoir imposé le thème des tarifs douaniers au sommet, considérait ses homologues comme de simples suppliants.
Modi, privé de ce face-à-face, n’a pas pu représenter le Sud global dans la redéfinition des équilibres de puissance et a dû se contenter de discussions avec le Canada, après la grave crise diplomatique provoquée par l’assassinat d’un séparatiste khalistanais sur le sol canadien.
Au final, aucun consensus significatif n’a été atteint. Les autres dirigeants ont préféré éviter la confrontation directe avec Trump, de peur de le provoquer.
L’un des rares résultats concrets a été l’annonce, avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, d’un accord commercial entérinant des concessions importantes de Londres sur les tarifs douaniers, – 10 % de droits de douane sur plusieurs produits et le maintien des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium à 25 %. Ce compromis a plongé les autres partenaires dans un véritable dilemme du prisonnier : chacun risque désormais de devoir s’aligner sur cette nouvelle norme protectionniste.
Le changement, ce n’est pas maintenant…
Sur le plan sécuritaire, aucun progrès majeur n’a été accompli face aux défis posés par la Chine ou la Russie. Les discussions sur la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et des minéraux critiques ont été reléguées au second plan, malgré l’urgence créée par les récentes restrictions chinoises sur ces exportations. Le Premier ministre japonais est reparti « les mains vides », selon le Nikkei, faute d’avancée sur un accord de sécurité économique avec Washington.
La fin du sommet a été marquée par l’absence d’une déclaration commune, remplacée par un simple résumé du président canadien. Six communiqués séparés ont été publiés, dont un sur les minéraux critiques qui n’a pas dépassé le cadre défini en 2023, et un autre sur la lutte contre les incendies de forêt, thème particulièrement pertinent pour l’Alberta mais symboliquement limité. Les initiatives sur l’intelligence artificielle et l’informatique quantique ont offert un vernis de modernité, sans engagements transformateurs.
Dans ses remarques finales, le Premier ministre canadien Mark Carney a évoqué les origines du G7 à Rambouillet, il y a 50 ans, en pleine crise économique et conflit au Moyen-Orient, et suggérait « une nouvelle ère de coopération ».
Pourtant, la réalité est tout autre : comme l’a noté un éditorialiste canadien, un G6 sans les États-Unis aurait peut-être permis de véritables avancées.
Le constat est sévère : lorsque le G7 a été fondé, ses membres représentaient 75 % du PIB mondial ; aujourd’hui, ils n’en représentent plus que 45 %. Ce sommet a démontré l’incapacité du G7 à concilier coopération avec Washington et initiatives collectives contournant l’obstruction américaine.