Le ministère français de la Santé s’apprête à faire appliquer une nouvelle mesure nationale : l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics extérieurs où des enfants sont susceptibles d’être présents.
Cette règle entrera en vigueur le 1er juillet prochain. Elle s’appliquera à l’ensemble du territoire, dans des lieux du quotidien comme les plages, les parcs, les jardins publics, les abords des écoles, les abris de bus ou encore les équipements sportifs.
La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a expliqué cette décision dans un entretien au journal Ouest-France. Il devient urgent d’éloigner la fumée des enfants, car ceux-ci doivent pouvoir respirer un air sain. Elle a ajouté que l’objectif visé par le gouvernement consiste à faire en sorte que les générations futures grandissent sans être exposées au tabac, ni directement, ni passivement.
Une amende pour les fumeurs réfractaires
Le non-respect de cette interdiction pourra entraîner une amende de 135 euros. Ce montant correspond à une contravention de quatrième catégorie, ce qui place cette mesure dans la même gamme que d’autres infractions au code de la santé publique.
Jusqu’à présent, certaines collectivités avaient déjà pris des décisions similaires. Plus de 1 500 communes en France avaient interdit la cigarette dans les espaces verts, sur certaines plages ou dans les stations de ski. Plus de 500 plages françaises affichaient déjà une signalisation “plage sans tabac”. Ces initiatives restaient locales, souvent temporaires, et appliquées de manière inégale. Le décret qui doit entrer en vigueur en juillet viendra uniformiser ces pratiques au niveau national, sans dépendre de la bonne volonté des maires ou des préfets.
Catherine Vautrin a précisé que le ministère travaille actuellement en lien avec le Conseil d’État et l’Association des maires de France afin de rendre le dispositif applicable dans des conditions réalistes. L’idée n’est pas de surveiller chaque banc de parc, mais d’imposer un cadre légal suffisamment clair pour faire évoluer les comportements.
Ne pas fumer devant des enfants, c’est normal
Une étude commandée par la Ligue contre le cancer montre qu’une large majorité des Français approuve cette orientation.
Huit personnes sur dix se disent favorables à l’interdiction de fumer dans les lieux publics fréquentés par des enfants. La même enquête montre que 83 % des sondés souhaiteraient que cette règle s’applique également aux cigarettes électroniques.
L’interdiction actuelle ne concerne pas les terrasses de cafés et de restaurants. La ministre a indiqué que le gouvernement n’exclut pas de revoir cette position à l’avenir, mais que ce n’est pas la priorité du moment. Les autorités souhaitent d’abord se concentrer sur les lieux où les enfants sont exposés régulièrement à la fumée, parfois dès leur plus jeune âge. La démarche, selon Catherine Vautrin, ne repose pas sur un jugement moral mais sur un impératif de santé publique.
Chaque année, environ 75 000 personnes meurent en France à cause de pathologies directement liées au tabac. Cela représente environ 200 décès par jour. Le tabagisme reste la première cause évitable de mortalité. Contrairement à une idée reçue, fumer à l’extérieur n’annule pas les risques pour les autres : la fumée dans l’air libre contient toujours des substances toxiques, susceptibles d’affecter les voies respiratoires, surtout chez les enfants dont les poumons sont plus fragiles.
L’Organisation mondiale de la santé estime que la fumée secondaire provoque chaque année dans le monde plus de 1,2 million de morts prématurées chez les non-fumeurs. Ces données confirment que l’exposition, même en plein air, peut avoir des conséquences graves à long terme.
Une lutte française de plus en plus prononcée
Le Programme national de lutte contre le tabac 2023-2027 avait déjà prévu de faire reculer la consommation de tabac dans l’ensemble de la population. Une nouvelle hausse du prix des cigarettes, l’uniformisation des emballages pour les produits du tabac, et la suppression progressive de certains dispositifs de vapotage, ceux qui attirent les plus jeunes étaient au programme.
Le gouvernement souhaite intervenir sur la composition des cigarettes électroniques, de plus en plus populaires chez les adolescents. D’ici à la mi-2026, il prévoit de limiter la concentration autorisée en nicotine dans ces produits et de restreindre les parfums disponibles à la vente.
Pour Catherine Vautrin, le goût sucré de certains liquides incite les jeunes à adopter des habitudes de consommation qui peuvent se transformer plus tard en dépendance au tabac.
Même si l’État n’a pas prévu d’augmenter immédiatement la fiscalité sur le tabac, la question reste en suspens. La ministre a rappelé qu’après les dernières hausses, un marché illégal s’était développé, rendant difficile le contrôle des produits en circulation. Dans ce contexte, toute modification des taxes sur les cigarettes doit être pensée avec prudence, afin de ne pas favoriser la vente de tabac non réglementé.