Dimanche matin, à peine une demi-heure après l’ouverture du Louvre, quatre individus se sont introduits dans l’un des musées les plus surveillés du monde. Une nacelle de chantier stationnée sur le quai a été utilisée pour forcer une fenêtre du premier étage. Après quoi, ils ont brisé deux vitrines et se sont emparés de bijoux historiques d’une valeur inestimable avant de s’enfuir à moto. L’opération n’a duré que quelques minutes.
Les objets volés appartenaient à la collection royale française : un diadème de saphirs ayant appartenu aux reines Marie-Amélie et Hortense, un collier et des boucles d’oreilles sertis d’émeraudes de l’impératrice Marie-Louise, ainsi que des pièces emblématiques de l’impératrice Eugénie, dont une broche de corsage et un diadème orné de plus de 1 300 diamants. La couronne d’Eugénie, en revanche, a été retrouvée à l’extérieur du musée, abandonnée dans la précipitation de la fuite.
La honte d’un État désarmé
Dès le lendemain, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a reconnu une défaillance grave. « Ce qui est certain, c’est que nous avons échoué », a-t-il déclaré sur France Inter. « Les Français ont tous le sentiment d’avoir été volés. ». Le vol donne de la France une image « déplorable », qui montre l’absence de sécurité suffisante autour du bâtiment et l’accès facilité à la nacelle utilisée par les voleurs.
Le musée, qui attire près de neuf millions de visiteurs par an, est resté fermé lundi, plongeant le personnel et les visiteurs dans la stupeur. À l’entrée de la pyramide de verre, des dizaines de touristes, déçus, ont été priés de quitter les lieux.
Pour l’opposition, ce cambriolage est bien plus qu’un fait divers. C’est le symbole d’un pays qui ne protège plus rien, pas même son patrimoine. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a dénoncé sur X « une humiliation insupportable pour notre pays » et s’est interrogé : « Jusqu’où ira la désagrégation de l’État ? ». François-Xavier Bellamy, des Républicains, a renchéri en parlant d’un « symptôme d’un pays incapable de défendre ses trésors ».
Le Louvre, vulnérable géant
Le Parquet de Paris a précisé que les voleurs n’étaient pas armés mais ont menacé les agents de sécurité avec des meuleuses. L’enquête révèle un plan d’une précision militaire : une nacelle installée la veille, un point d’entrée calculé et un départ en moto soigneusement préparé. Selon la ministre de la Culture, Rachida Dati, « l’opération n’a pas dépassé quatre minutes ». Elle a salué le sang-froid des agents qui ont empêché les criminels de mettre le feu à la nacelle, ce qui a permis de récupérer des indices importants, dont une moto portant une plaque d’immatriculation.
Ce vol met crûment en lumière la fragilité d’un lieu qui attire des millions de visiteurs mais dont la structure, conçue il y a des siècles, n’a jamais été pensée pour répondre à de tels défis. « Quand le Louvre a été imaginé, il n’était pas destiné à accueillir dix millions de visiteurs », a rappelé Dati. Le gouvernement s’appuie désormais sur le plan “Nouvelle Renaissance du Louvre”, lancé plus tôt cette année, qui prévoit 700 millions d’euros pour moderniser le musée, renforcer la sécurité et offrir à la Joconde sa propre galerie d’ici 2031.


