Saviez-vous qu’une simple fleur de bleuet peut devenir une oasis pour un insecte affamé ? Alors que nos jardins rivalisent parfois de rosiers aux pompons spectaculaires, la biodiversité, elle, étouffe sous ces pétales bien trop parfaits.
Marion Duvignacq, éducatrice environnement et anthropologue, nous invite à reconsidérer nos choix végétaux. Et si la vraie beauté se trouvait dans la simplicité des plantes sauvages ? À travers son regard passionné, elle nous livre une leçon de biodiversité où laisser faire la nature pourrait bien être notre plus grand acte militant.
Laissons pousser des fleurs pour nourrir la biodiversité
Dans son intervention, Marion Duvignacq rappelle que le simple fait de « laisser pousser » les plantes sauvages est un geste fondamental pour préserver la biodiversité. Elle insiste sur l’importance de ne pas se contenter de « verdir » un espace pour l’esthétique, mais de recréer des habitats fonctionnels :
« Quand on parle d’agir en faveur de la biodiversité, un levier extrêmement fort […] c’est la végétalisation des espaces. Donc végétaliser, planter, laisser pousser, laisser faire. Non pas seulement pour verdir un espace, mais […] recréer une mosaïque d’habitat et de ressources […] pour les différentes espèces et également des connexions entre ces différents espaces pour que justement toutes ces espèces puissent faire leur cycle de vie. »
Ici, l’éducatrice environnement nous pousse à aller au-delà des apparences : il ne s’agit pas de planter pour décorer, mais de créer un écosystème vivant, où chaque plante contribue au cycle vital des insectes — pollinisateurs ou non. Son discours met en lumière une réalité trop souvent oubliée : les plantes sauvages sont essentielles car elles offrent le gîte et le couvert à une diversité d’espèces.
Elle souligne également que nos choix horticoles, bien qu’esthétiques (rosiers à pompon, bleuets à pétales multiples…), peuvent constituer un obstacle pour les insectes, qui peinent alors à accéder aux ressources nourricières. L’anecdote sur les rosiers illustre parfaitement cette dérive de l’horticulture, où la beauté pour l’homme a pris le pas sur la fonctionnalité pour la nature.
Elle nous invite à redevenir observateurs, à identifier les plantes qui nous entourent et à privilégier les espèces locales et sauvages. Un appel à la simplicité : la biodiversité se protège souvent en cessant de trop vouloir la domestiquer.
L’art de reconnaître les plantes sauvages sans se tromper
Avant de collecter des graines ou d’envisager de favoriser certaines espèces dans son jardin, il est essentiel de savoir ce que l’on a devant soi.
Marion Duvignacq rappelle combien l’identification botanique est une étape clé pour éviter les erreurs aux lourdes conséquences, comme cueillir une plante protégée ou, au contraire, propager une espèce envahissante.
« Il faut passer par l’observation précise de critères. C’est ce que la botanique nous propose : regarder les parties de la plante et très précisément pouvoir discriminer les plantes pour arriver à la bonne espèce », explique Marion Duvignacq.
Car derrière chaque fleur se cache une identité unique, précisée par un nom d’espèce qui permet de l’inscrire dans le grand arbre du vivant.
Si la botanique peut sembler complexe pour les débutants, il existe de nombreux outils pour se lancer : sorties encadrées par des experts, guides illustrés, livrets pédagogiques comme ceux créés par Tela Botanica, et bien sûr des applications comme PlantNet.
Ces technologies offrent un précieux soutien pour s’orienter parmi les genres et familles, même si, comme le souligne l’experte, elles nécessitent toujours une confirmation par observation rigoureuse : « PlantNet rend visible cette détermination basée sur des pourcentages… Cela nous encourage à avoir cette démarche pas à pas qu’il faudra ensuite confirmer plus précisément. »
La règle d’or ? Prendre son temps, comparer, expérimenter sur le terrain, et croiser les informations, notamment via des plateformes comme l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel). Car c’est bien en observant la plante à chaque étape , du bouton floral au fruit mûr ,que l’on pourra reconnaître l’espèce, comprendre son utilité pour la faune et agir en connaissance de cause.
Créer son coin nature
Chacun peut agir en faveur des insectes, même sans grand jardin. Dans un coin de votre pelouse, laissez pousser les herbes hautes et les fleurs sauvages : cela deviendra un refuge pour les abeilles, les papillons et bien d’autres petites bêtes utiles. Plantez des espèces locales riches en nectar, comme la lavande, le trèfle ou la bourrache, qui nourrissent les pollinisateurs tout au long de la belle saison.
Si vous n’avez qu’un balcon ou un rebord de fenêtre, un simple bac ou quelques pots bien choisis peuvent faire la différence : optez pour des plantes variées et évitez les produits chimiques. Vous pouvez aussi disposer un petit tas de bois, des pierres ou un hôtel à insectes pour offrir des abris.