Le saumon est un poisson fascinant au cycle de vie exigeant. Il naît dans une rivière, migre vers l’océan, puis revient à son lieu de naissance pour se reproduire. Cette migration intensive contribue à la robustesse et à la qualité nutritionnelle du saumon sauvage. Avec l’essor de la consommation de poisson, comme par exemple dans le sushi et la cuisine occidentale, la demande pour le saumon a explosé, entraînant une raréfaction des stocks sauvages.
L’industrie a fait un choix radical et s’est tournée vers l’élevage en masse. Or, le saumon d’élevage présente de nombreux problèmes tant pour la santé humaine que pour l’environnement.
Les dérives de l’élevage du saumon
Dans les fermes aquacoles, les conditions de vie des saumons sont loin d’être optimales. Ils passent leur existence dans des cages en pleine mer pouvant contenir jusqu’à un million d’individus, avec une densité bien trop élevée. Seafood Watch a enquêté sur ces environnements et a conclu qu’ils favorisent la prolifération des parasites, comme le pou de mer (Lepeophtheirus salmonis), et des maladies infectieuses. Ces pathogènes menacent les populations de saumons sauvages lorsque les cages fuient ou se déversent dans l’environnement.
“Les saumons d’élevage sont si vulnérables aux maladies que l’industrie utilise des quantités massives d’antibiotiques et de pesticides pour tenter de limiter les pertes,” explique Dr. Don Staniford, expert en aquaculture et écologiste.
Une étude publiée en 2004 dans Science confirme les dires du Dr.Staniford et indique que les saumons d’élevage contiennent sept fois plus de polychlorobiphényles (PCB) que les saumons sauvages. Ces substances sont des cancérogènes potentiels et sont interdites dans de nombreux pays.
Pour donner à leur chair une teinte rosée plus attrayante, les producteurs ajoutent des colorants artificiels, comme l’astaxanthine synthétique, un pigment qui n’est pas toujours sans risque pour la santé humaine.
Le saumon représente maintenant un risque pour la santé humaine
En consommant du saumon d’élevage, nous ingérons des résidus de médicaments vétérinaires et de polluants environnementaux. Des chercheurs de l’Université d’État de l’Arizona ont mis en évidence la présence accrue d’antibiotiques résistants dans les fermes aquacoles, augmentant le risque de résistance aux antibiotiques chez l’homme.
D’ailleurs, en 2017, seulement 86 échantillons de saumon ont été testés sur 379 000 tonnes importées. Cela pose la question suivante : Peut-on manger du saumon en toute tranquilité d’esprit?
Les déchets organiques issus des fermes de saumon (nourriture non consommée, excréments, cadavres de poissons) créent des zones mortes marines, ce qui prive l’écosystème sous-marin d’oxygène et tue la faune locale.
Les saumons sauvages font face à leurs problèmes personnels : les barrages hydroélectriques. Ces infrastructures empêchent les poissons de regagner leurs frayères et menace la reproduction naturelle. Aux États-Unis et en Norvège, des « échelles à saumon » ont été installées pour leur permettre de contourner les barrages, mais cela ne suffit pas toujours.
En raison de la surpêche et de ces obstacles, les populations de saumon sauvage ont chuté drastiquement. Certaines espèces comme le saumon atlantique (Salmo salar) sont aujourd’hui classées en danger critique d’extinction dans certaines régions.
Comment bien choisir son saumon ?
Privilégier le saumon sauvage
- Les saumons d’Alaska (Sockeye, Coho, King) sont parmi les plus sains car ils proviennent d’écosystèmes encore relativement préservés.
- Vérifiez l’étiquetage et préférez les mentions comme « pêché durablement » ou certifié MSC (Marine Stewardship Council).
Éviter le saumon d’élevage intensif
- Si l’origine du saumon n’est pas précisée, il y a de fortes chances qu’il provienne d’élevages industriels en Norvège, Chili, Écosse ou Canada.
- Préférez des élevages certifiés BIO, où les densités sont plus faibles et l’usage d’antibiotiques limité.
Faire attention aux contaminants
- Les gros poissons comme le saumon et le thon bioaccumulent plus de métaux lourds (mercure, plomb).
- Les recommandations de l’OMS indiquent que les femmes enceintes et les enfants devraient limiter leur consommation de saumon d’élevage à une fois par mois pour éviter les contaminants.
Le saumon est un aliment nutritif riche en oméga-3, mais tous les saumons ne se valent pas. Le saumon sauvage reste le meilleur choix pour la santé et l’environnement, tandis que le saumon d’élevage industriel pose de sérieux problèmes sanitaires et écologiques.
Il n’y a pas de secret: la meilleure façon de protéger notre santé et l’environnement est d’opter pour des poissons issus de pêcheries durables et d’éviter les produits d’élevage intensif